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Il y a comme un problème...
11 janvier 2017

Présidentielle 2017, ou l'urgence de rénover le paysage partisan en fonction de la question européenne

Il est à craindre que la présidentielle de 2017 ne soit pas un grand cru et, dès lors qu'il y aurait un second tour disputé entre Marine Le Pen et un challenger, que le résultat aboutisse à court terme à un blocage des institutions, la classe politique et le bon peuple de France étant incapable de concevoir l'idée même de gouvernement d'union nationale. Cependant, la campagne telle qu'elle se déroule actuellement - et ses conséquences post-scrutin - pourrait présenter l'avantage de clarifier enfin le paysage partisan et de proposer des divisions qui, enfin, nous soient contemporaines.

Si la France va mal, c'est bien sûr en raison d'un problème structurel au plan économique et d'une inadéquation de son système social au sens le plus large à la situation et aux évolutions imposées par le reste du monde. D'aucuns ont tort de pointer du doigt la "mondialisation" en l'accusant de tous les maux ; certes, les échanges mondiaux ont changé la donne du commerce et la division du travail, notamment, mais ce terme ne rend compte que d'un fait : que le monde évolue et que tous les habitants de notre planète unique veulent désormais approcher les standards de développement auxquels les pays développés sont parvenus. Personne, aucun leader, aucune nation n'empêchera ce monde nouveau, interactif et interdépendant, d'évoluer vers une plus large, sinon une meilleure, division des richesses.

En réalité, la question est de savoir si la France accepte de suivre le mouvement pour en tirer sa part de profit et accessoirement comment elle conçoit sa stratégie dans ce contexte du XXIe siècle ; ou si elle préfère s'isoler, reprenant à son compte le "modèle" de développement nord-coréen. Et c'est là qu'intervient le débat sur l'Europe et la construction de l'Union.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, le paysage politique français aurait dû se recomposer au sortir de l'année 2005, après le référendum sur l'Europe. Au lieu de quoi, chacun dans son camp, à droite comme à gauche, a fait semblant que rien d'important ne s'était produit et qu'on pouvait continuer comme avant. Que les français rejettent le traité soumis à son approbation, là n'était pas l'important ; l'essentiel était qu'on pouvait alors distinguer clairement des lignes de fracture, de part et d'autre de l'échiquier politique, dans chaque mouvement, dans chaque famille, entre partisans d'une certaine idée du fédéralisme et défenseurs d'un souverainisme national. Et de fait, cette fracture était et est largement plus signifiante que le faux débat droite-gauche qui agite le barnum politico-médiatique depuis lors. 

A l'heure où la compétition mondiale ne peut que s'amplifier, à l'heure où les problèmes majeurs - en terme socio-économique certes, mais aussi sécuritaire au sens large et environnemental - semblent ne pouvoir trouver de solution que dans un partenariat européen renforcé, ou dans un retranchement farouche derrière des murs, il est urgent que les français puissent se prononcer en toute connaissance de cause sur le choix proposé par la future majorité. Or, comment une majorité LR-Centriste, ou une majorité de la gauche élargie (sait-on jamais !?) pourrait proposer une orientation claire et assumée sur la question européenne quand cela fait débat en interne.

S'il y avait une once de responsabilité chez ceux qui aspirent à gouverner ou à soutenir une majorité de gouvernement, nous assisterions à l'occasion de cette campagne électorale à une redistribution des étiquettes, en fonction du positionnement face à l'Europe. Il est illusoire, mensonger et crétin de prétendre, comme certains le claironnent pourtant à l'envi, que le nouveau chef de l''Etat pourra imposer ses diktats à ses vingt-six autres pairs au seul prétexte qu'il aura une légitimité à le faire du fait de son élection ! Rappelons cette logique que le discours anti-européen à la mode met pourtant en avant pour la dénoncer, quand elle ne fait que justifier la totale responsabilité des gouvernements français dans la gestion européenne : toutes les décisions importantes sont prises à l'unanimité. Si la France avait eu quelque chose à dire ou à défendre, elle pouvait, elle peut le faire ! Comme au siège des membres permanents de l'ONU elle dispose d'une sorte de veto. Renégocier des accords à son seul profit au détriment des autres est suréaliste.

En conséquence de quoi, il est impératif de faire sauter le verrou du clivage gauche-droite qui ne rime à rien face à de tels enjeux, face à de tels défis, et que le paysage politique se distingue désormais avant tout par ceux qui veulent plus (et mieux) d'Union, et ceux qui préfèrent une Europe des Nations. Cette clarification est essentielle à notre avenir, à la fois français et européen.   

   

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