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Il y a comme un problème...
9 janvier 2017

La dictature de l'information à la croisée des chemins

Je crois qu'il est temps que les écoles de journalisme et les rédactions revisitent la façon de pratiquer un métier, si indispensable au fonctionnement de la vie démocratique qu'il mérite mieux que la dérive dans laquelle il s'est englué depuis des années. A l'heure où les réseaux sociaux et l'accès à l'Internet créent, nourrissent et propagent les rumeurs et les approximations à la vitesse électronique, le citoyen a besoin plus que jamais d'être non plus informé, mais éclairé. 

La presse écrite et les chaînes privées, radio et télé, sont des entreprises presque comme les autres. Elles doivent générer du chiffre d'affaires, et si possible quelques bénéfices, afin de subsister. On ne peut donc attendre d'elles qu'elles proposent autre chose que ce que les enquêtes marketing estiment devoir mettre en avant pour vendre des espaces publicitaires. Cela ne signifie pas que leurs journalistes n'ont ni déontologie, ni talent à exercer leur métier, mais comme chacun le sait, dans un monde ouvert où tout est information, c'est le rédacteur en chef qui décide de ce qui sera rendu public et de ce qui ira garnir la grande armoire des oubliettes, pour ne pas dire la poubelle à papier. C'est ainsi et comme il s'agit d'une presse dite d'opinion - encore faudrait-il d'ailleurs que cette opinion soit explicitée plus clairement ! - le débat est clos.

En revanche, la question se pose en ce qui concerne ce qui est supposé être le "service public". Il paraît que le ministère de la Communication n'a plus la main-mise sur les salles de rédaction de nos chaînes publiques comme du temps de l'ORTF, et on veut bien le croire. Et comme on parle bien de service dû au public, on pourrait en attendre une plus large expression de la pluralité des opinions et des points de vue ;  on pourrait aussi espérer que les arbitrages des sujets et le traitement de l'information diffèrent par rapport aux chaînes privées. Malheureusement, on peut noter qu'il n'en est rien, ou à tout le moins, que de gros efforts restent à faire pour que l'offre d'information soit conforme à la mission à remplir.

 

Il est regrettable que les chaînes publiques s'alignent dans la course à l'audimat, en préférant le coup médiatique, le buzz et la fabrication de "petites phrases" quand il s'agit de politique, au lieu de faire oeuvre utile en proposant, en complément d'une information brute, des analyses pertinentes, des explications pédagogiques et des (re)mises en perspective. Il y a assez de dérives chez les concurrents pour ne pas chercher à se différencier dans le bon sens.

Le débat politique a besoin d'un éclairage qui ne soit ni partisan, ni moral (!), ni dévôt, ni engoncé dans le diktat du politiquement correct. L'information internationale ne peut se contenter de servir une cause, un maître ou une idéologie. Le domaine social et économique mérite mieux que des répétitions pompées à partir de données que l'on ne se donne plus la peine de vérifier. Sur le service public, un journal devrait dire l'information brute, dûment vérifiée, en la contextualisant et en proposant une analyse, de sorte à ce que chacun dispose des élements indispensables à se faire sa propre idée sur la question. Il ne devrait ni la faire, ni l'instrumentaliser à des fins promotionnelles, personnelles ou idéologiques. 

L'information journalistique est à la croisée des chemins : à l'heure où chacun peut, via son smartphone, s'improviser reporter - les chaînes d'info en continu l'y encourage d'ailleurs ! - pour enregistrer sons et images afin de les diffuser sur la toile pour témoigner, dénoncer ou faire l'apologie de ses convictions, et ce sans censure ni contextualisation, il est plus que primordial que le service public soit le garant de l'objectivité, de l'impartialité et du professionnalisme qu'impose l'information dans une démocratie vivante. A défaut de quoi, le citoyen sans repère ne pourra pas faire ses choix en conscience, et le pays deviendra l'otage d'une dictature sournoise, celle de la pensée du plus bruyant, du plus "buzzer", du plus riche. L'élection de Donald Trump a montré la voie. Dès lors, inutile de préciser que ce sera là un vrai problème... 

 

    

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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