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Il y a comme un problème...
4 janvier 2017

Le temps passe, il serait bon que les politiques s'en rendent compte...enfin !

Invité d'une émission politique sur France 2, Vincent Peillon s'est emmélé les pinceaux en voulant faire un parallèle entre le gouvernement de Vichy et Marine Le Pen, convoquant la question de la laïcité face à l'étoile jaune hier et face à l'islam aujourd'hui. Peu importe le fond de la démonstration ratée, les propos outranciers sont le lot de toutes campagnes électorales, d'autant plus quand le candidat souffre d'un manque de renommée personnelle et d'une absence de visibilité politique. Pour exister, il faut choquer et créer le buzz.

Ce qui est plus intéressant, à mes yeux, c'est ce que nous apprend le candidat à la primaire du problème de nos élites : leur logiciel intellectuel ne se met pas à jour, ce qui les englue dans des référentiels dépassés ou anachroniques. Cela est vrai pour tout un chacun, dans sa vie personnelle comme professionnelle, mais c'est bien plus préoccupant pour le personnel politique puisque celui-ci est censé comprendre le temps présent pour mieux préparer l'avenir. 

Pour Vincent Peillon, professeur d'histoire, Vichy et l'étoile jaune, c'était hier, "il y a quarante ans". Naturellement, il sait pertinemment que cela remonte en réalité à 1942, soit à près de 75 ans, mais dans son propos précipité, c'est bien 35 années qui sont brusquement passées à l'as. Parce que M. Peillon cite une référence apprise ou enseignée par lui voilà une trentaine d'années justement. C'est humain : personne ne se voit vraiment viellir, ni le temps passer ; il est commun de prendre une claque quand, en écoutant un air des années 80, on réalise que "non, ce n'est pas il y a 20, mais bientôt 40 ans ! (P... 40 ans !!) qu'on fredonne la chanson ! 

Cela rappelle l'anachronisme d'Alain Juppé, parlant des "caissières de Prisunic", enseigne que les moins de trente ans n'ont jamais vue de leur vie ! La référence au Prisunic, c'était le début des années 70, date à laquelle M. Juppé s'élançait dans la grande carrière qui fut la sienne au service de l'Etat, comme il l'a indiqué lui-même avant de regagner sa bonne ville de Bordeaux, dépité de sa défaite à la primaire de la droite.

Voilà où le bas blesse en réalité, nos dirigeants ont des logiciels de pensée, des référentiels et donc des "solutions" ou des visions qui renvoient toujours à ce passé, souvent lointain de leurs chères études à l'ENA (et autres grandes écoles) ou de leur entrée dans la vie électorale. Ce n'est pas qu'ils sont totalement déconnectés des choses du quotidien (encore que !) mais pour analyser les choses, ils ramènent souvent tout à leurs acquis qu'ils ne renouvellent pas suffisamment, ou trop mal. 

Que penserait-on d'un médecin pratiquant son art face à un patient avec son seul Vidal des années 70 pour lui prescrire une ordonnance ? La France est malade, et les docteurs qui se présentent à nos suffrages pour la soigner font malheureusement penser trop souvent à ce praticien dépassé. Vieilles recettes éculées, toujours à coups de dizaines de milliards d'euros, pour rétablir un monde ancien, celui réel et fantasmé des années glorieuses, qui n'existe plus parce qu'il ne peut tout simplement plus exister. Certes ils parlent "mondialisation", "révolution Internet", "nouvelles technologies" mais à la vérité ils n'en saisissent pas toute la réalité des concepts, toute l'étendue des conséquences pour l'organisation sociale, la répartition du travail et le changement des paradigmes nécessaire pour adapter leur projet politique à la réalité du monde. En octobre dernier, c'est une imprimante 3D qui a fabriqué une aile d'avion chez Boeing, et pas ces chaudronniers que l'on forme enfin, avec vingt ans de retard, pour fournir l'agence spatiale et Airbus notamment en personnel qualifié. Comment anticiper l'avenir avec les matériaux composites et les nanotechnologies quand on pense encore haut-fourneau ?!

Il ne serait certes pas raisonnable de verser dans le jeunisme pour autant, mais il serait bon que nos dirigeants - carriéristes de la politique - bénéficient d'une vraie formation continue afin que leur réflexion se nourisse de cette modernité avec laquelle ils devront composer, sinon mettre en musique pour que la France ne soit pas systématiquement en retard d'une guerre, ou deux.  

 

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