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Il y a comme un problème...
3 janvier 2017

Hollande, le culte du paradoxe

Que retiendront les livres d'Histoire du passage de François Hollande à l'Elysée ? Sans doute qu'il incarnât mieux que quiconque l'art du paradoxe.

A écouter les voeux prononcés par le président de la République au soir du 31 décembre 2016, la France est désormais sur les bons rails. Au point que c'est sur l'air de "Tout va bien, Madame la Marquise", et non sur la Marseillaise, qu'il aurait dû terminer son intervention, puisque la Sécurité sociale est sauvée, les comptes publics assainis, les marges restaurées, l'économie dans le vert et cette fameuse courbe du chômage en plongée. Il aurait pu ajouter, mais c'était implicite en réalité : "mon cap est donc le bon, la méthode est donc la meilleure, nous devons donc poursuivre sur cette voie du redressement (Et pan pour la cuvée du même nom, chère à Montebourg !) et amplifier notre action pour les cinq prochaines années". Et c'est donc ce président-là, satisfait de tous ces succès, les siens (!!), qui a choisi d'innover en ne se présentant pas pour un second mandat ! Paradoxe. Seule explication rationnelle à cette situation - dès lors qu'on n'osera remettre en question ni la légitimité de ce satisfecit, ni la véracité de ce bilan (crime de lèse-majesté !) - François Hollande considère que les citoyens français sont à la fois injustes et aveugles, injustes puisqu'ils lui ont signifié depuis longtemps leur désamour dans les sondages, et aveugles, pour ne pas dire stupides ou cons en langage politiquement incorrect, puisqu'ils n'ont pas vu que la situation de la France et leur situation personnelle allaient en s'améliorant. "Ah vraiment c'est trop injuste", aurait dit le petit Calimero. François Hollande se vit en incompris. Et pour dire vrai, tout au long de son quinquennat il le fût, incompris, car incompréhensible, dans ses choix et dans ses arbitrages (quand il y en eût), dans ses explications embrouillées (quand il y en eût !), dans sa communication (ah oui il y en eût, même trop mais jamais la bonne !!). 

Paradoxe que ce président, si fier de son action, refuse le combat politique en laissant à d'autres, sans les soutenir d'ailleurs, le soin de poursuivre sa "grande oeuvre" inachevée ; paradoxe français où les présidents loosers, comme Mitterrand et Chirac puisque sanctionnés d'une période de cohabitation, se représentent aux suffrages et sont finalement réélus, quand un président, autoproclamé "winner convaincu" jette l'éponge en pré-campagne ! 

Mais sans doute est-ce l'homme François Hollande qui s'est construit une personnalité tout en paradoxes. Je vous en laisse juge.

Voilà une personnalité publique qui a incarné le concept de synthèse tout au long de sa longue présidence du parti socialiste. Durant une dizaine d'années, il a surfé sur un océan déchainé par les courants antagonistes, portant sans faillir une tige de rose aux épines acérées. Adepte du compromis, fut-il bancal, sournois ou vaseux, il a fait son succès sur l'esquive, l'évitement et la fuite. Ne pas heurter, ne pas déplaire, ne pas cliver. Et c'est ce même homme qui, à peine devenu chef des armées, n'a eu de cesse d'engager les forces nationales dans des actions extérieures, en Afrique et au Moyen-Orient. Paradoxe du mou qui s'aime en chef de guerre ! On arguera que la situation internationale le requérait. Peut-être ; on notera cependant que depuis plusieurs décennies, les leaders socialistes se montrent facilement va-t-en-guerre quand ils exercent le pouvoir, alors même qu'ils adoptaient des postures pacifico-pacifistes sur les bancs de l'opposition. Paradoxe que de susciter l'ire posthume de Jaurès quand on en revendique tout l'héritage ! Dans la droite ligne de ses glorieux aînés, François Hollande a donc aimé l'odeur de la poudre et des canons, au point qu'il fera sans doute le tour de tous les théâtres d'opération avant sa sortie élyséenne, histoire de profiter une dernière fois de ces rares instants où il a goûté l'ivresse du pouvoir sans partage, sans compromis, sans synthèse.

Paradoxe aussi pour celui qui s'était présenté, "lui, président" comme le président de "tous les français", leader d'aucun camp et au-dessus des partis, mais qui, très rapidement, institua des déjeuners réguliers avec des parlementaires en son palais, uniquement des élus socialistes et affidés naturellement. Il avait promis qu'à la différence de Sarkozy, son comportement en la matière ne serait pas celui d'un chef de clan. Il y croyait sûrement .. au départ : ou quand le paradoxe flirte avec mensonge, ou l'inverse.

Paradoxe enfin pour le "président normal" qui trouvait inconvenant que l'hôte de l'Elysée affiche les déboires de sa vie privée sous le projecteur des médias et qui a pourtant multiplié les épisodes vaudevillesques durant son quinquennat, avec ou sans casque.

S'il faut retenir un enseignement de ces paradoxes dans la perspective des échéances électorales de 2017, c'est qu'il convient de se méfier des grandes envolées discursives du type "fontaine, je ne boirai (jamais) de ton eau", dès lors que c'est un homme politique qui les prononce. Afin d'éviter surprises et déconvenues, parions dès à présent que celui-ci fera très souvent l'inverse de ce qu'il a dit, promis et juré, car plus que tout individu, l'homo politicus est un être éminemment paradoxal. Nous voilà prévenu. 

 

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