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1 janvier 2017

Primaire de droite et de gauche, la machine à perdre des présidentielles

Est-il vraiment nécessaire de se souhaiter une bonne et heureuse année, comme la tradition l'exige en ce premier de l'An nouveau ? La lucidité nous dicte que 2017, année de tous les dangers, en France et dans le monde, sera une année au mieux difficile, au pire catastrophique. 

Penchons-nous alors sur cette analyse qui entend démontrer pourquoi, contre toute attente à cette heure, la droite républicaine connaîtra, dans quatre mois, son 21 avril 2002, ou comment la primaire de la droite a torpillé une alternance pourtant promise par le quinquennat Hollande.

Vainqueur, Alain Juppé aurait pu droitiser certaines de ses positions pour rallier facilement les partisans Fillonistes et Sarkozystes, sans trop se déjuger. Son ancrage au centre-droit et le soutien du centre, dans toutes ses composantes, lui garantissait de conserver quoi qu'il en soit le gros bataillon des électeurs centristes. 

Avec François Fillon, la donne électorale est tout autre. En adoptant un ton, un style et des mesures aussi claires que précises, le sarthois de coeur a suscité de vraies attentes au sein de cette droite, souvent qualifiée de décomplexée, qui n'a jamais vraiment connu le pouvoir, ni sous Sarkozy - du moins dans les actes, ni sous Chirac. Mais, comme tous les commentateurs - surtout ceux qui hantent les médias du haut de leurs 40 années d'expérience - le répètent, une élection présidentielle française se gagne au centre. Or c'est tout là le dilemne de François Fillon, un grand écart qui s'est exprimé dès sa victoire acquise et qui se démontre chaque jour depuis, quand ses nouveaux ralliés de la droite, improvisés porte-parole du candidat, naviguent entre langue de bois et flou artistique. L'interview de Benoît Apparu, ex-Juppéiste, chez Jean-Jacques Bourdin durant la trêve des confiseurs est édifiante à ce propos. Vous pouvez vérifier sur le replay RMC-BFM. Que Fillon se recentre, et c'est tout un pan de ces électeurs ancrés à droite qui se détourneront, en se sentant floués de leur victoire acquise aux primaires de la droite (et du centre), sans susciter pour autant l'enthousiasme des électeurs du centre, échaudés par un programme original - "le seul, le vrai visage de Fillon" qui sera attaqué à l'envi par tous, depuis Le Pen jusqu'à Mélenchon, Que Fillon reste droit dans ses bottes et dans son programme "caricaturé", et le capital électoral de la seule droite dure ne suffira pas à le qualifier face aux dissidences centristes et divers droite.

La réalité, c'est que le jeu des primaires à l'américaine n'est pas transposable aux partis politiques français, dont les principaux acteurs ne voient dans ce processus de sélection "démocratique" qu'une façon de construire leur carrière politicienne pour obtenir un ministère ou un poste institutionnel de premier plan, en compensation, quand ils ne fomentent pas coups bas, trahisons et complots pour accélérer la chute de leur chef, comme ce fut le cas pendant la mandature Hollande. 

Le jeu des primaires n'est surtout pas adapté à la conscience politique des citoyens-sympathisants. Quand Démocrates et Républicains se rejoignent solidairement sous la bannière de leur champion respectif - à l'exception des primaires 2016 avec les personnalités clivantes de Trump et de Clinton - les français revendiqués LR ou socialistes - au premier rang desquels les leaders de courant et leurs affidés - peinent à accepter le verdict des urnes et à jouer le jeu du rassemblement. Tout le monde sait combien la candidature Royal de 2007 fut d'abord plombée par certains éléphants du PS ! A droite en 2017, il n'est pas dit que nombre d'électeurs de Juppé ne se laisseront pas divertir par un Macron ou un Bayrou au moment de passer par l'isoloir. 

Les primaires sont une machine à faire perdre, l'élection présidentielle d'abord, la France ensuite : on en a eu la démonstration avec Jospin en 2002, élu par les encartés du parti et éjecté dès le premier tour ; avec Royal en 2007 défaite par les sarcasmes de son propre camp ; et cela aurait dû être le cas avec Hollande en 2012, si un autre que Sarkozy avait été le candidat de la droite ! Et l'on sait trop combien cette victoire improbable de Hollande a dynamité les quatre premières années de son mandat, chaque accessit de la primaire ayant joué des coudes pour jouer sa petite musique, qui pour un grand ministère, qui pour débarquer le premier ministre, qui pour débarquer le président lui-même, contraint de ne pas se représenter !!

Il n'est donc pas improbable que le candidat de la droite, issu des primaires, ne capitalise pas son succès de novembre 2016, de la même façon que la vainqueur de la primaire socialiste accouchera d'un valeureux looser en avril prochain. 

A cette heure, le second ticket pour le scrutin de mai 2017 face à Marine Le Pen a toutes les chances d'être poinçonné par un candidat qui a refusé le suicide de ces primaires mortifères pour les ambitions à la magistrature suprême. Ce sera Emmanuel Macron - j'en prends ici le pari - pour autant que trois conditions soient rapidement réunies :

1 - que celui-ci apprenne vite les règles et les exigences d'une campagne électorale de ce calibre - mais il semble naturellement doué ;

2 - qu'il s'adjoigne sur les questions de sécurité intérieure et extérieure deux pointures connues favorablement par le grand public et reconnues pour leur professionnalisme par leurs administrations respectives pour occuper les postes de ministre de l'Intérieur et ministre de la Défense ; 

3 - qu'il dispose dans son entourage d'un diplomate de formation capable d'assumer/incarner la politique internationale de la France au Quay d'Orsay.

Le sprint est lancé...

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