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21 novembre 2016

Premiers enseignements de la primaire de la droite

Quels enseignements tirer de ce premier tour de la primaire de la droite ?

En premier lieu que les citoyens ne sont pas coupés la chose politique - même s'ils sont souvent fâchés avec l'appareil politicien  ; et compte tenu de la forte mobilisation populaire, que même les électeurs de droite, dont il se dit pourtant qu'ils n'aiment rien de mieux que de suivre un chef, semblent finalement apprécier de pouvoir dire leur mot sur le choix de leur champion. Pour autant, il serait bon de repenser ce concept qui entretient dans le pays une tension permanente en suscitant des vocations présidentielles qui tendent à focaliser sur des stratégies personnelles au lieu de concentrer les énergies sur l'intérêt général.

Ensuite qu'à la différence de nombre d'élus, les électeurs ne sont pas des girouettes, adorant le lendemain ce qu'ils ont brûlé la veille. Ainsi, Copé et Sarkzoy ont-ils fait les frais de leur tentative de come-back : le premier continue de payer le rocambolesque épisode de la présidence UMP en 2012, le second s'est vu renvoyé à son (premier) retrait de la vie politique, celui qu'il avait promis devant Jean-Jacques Bourdin, puis semblé enteriné jusqu'en 2013, avant de l'enterrer définitivement en 2014 ! Certes, ce peuple de droite peut être reconnaissant à l'ancien chef de l'Etat d'avoir remis de l'ordre dans le parti UMP devenu LR, mais il est clair que, pour une majorité de citoyens, son rôle aurait dû en rester à celui de grand organisateur du parti, placé en retrait d'une compétition qui ne le concernait plus. La droite avait besoin d'un Sarkzoy dans le costume, sinon du faiseur de roi, mais au moins de celui qui le conseille utilement et qui lui fait profiter de son expérience, au lieu de ce Sarko-le-revanchard voulant en découdre avec Hollande et ce million d'électeurs qui l'avait fui en mai 2012 !

Qu'il n'est jamais bon de figurer comme "favori" dans les enquêtes d'opinion au long cours, Alain Juppé ayant gaspillé son avance dans un positionnement tactique qui l'a mis, sinon hors du jeu de la primaire, du moins hors des débats télévisés. Dans un match Juppé-Sarko du second tour dont les médias avaient déjà vendu toutes les places, le maire de Bordeaux profitait largement des intentions de vote TSS, Tous Sauf Sarkozy. Mais malgré ces sondages flatteurs, Juppé n'était pas un choix par adhésion ; c'était d'abord un vote par défaut, présumé "sûr" d'abord pour faire barrage contre Sarko, puis l'emporter au second tour de la présidentielle, quel que soit le candidat en présence. Il aura suffi qu'un challenger donne l'impression de pouvoir s'inviter au duel annoncé pour que les électeurs revisitent très vite leur intentions de vote, en optant pour un choix plus conforme à leurs envies. Il y a dans cette France de la droite une vraie volonté de renverser la table et de mettre en oeuvre des mesures fortes pour changer les choses. La mandature Hollande n'a été qu'une succession de demi-mesures, de pas de côtés et de renoncements sans fin. Or chacun est conscient que la précarité, le chômage récurrent, la peur du déclassement et la remise en ordre du pays ne sauront se contenter de ces mêmes mesurettes qui ont failli depuis trente ans.  

Enfin que les électeurs qui se sont exprimés hier sont moins sensibles au gossip politique que ce que l'on croit. Les temps ont changé ; il y a désormais une exigence populaire pour le "parler vrai" et pour le "faire". Si François Fillon a totalisé près de 45% des votes, c'est non seulement parce qu'il a su présenter une hauteur de vue propre à une stature d'homme d'Etat qui sonnait vraie lors des débats télévisés, mais surtout parce que, malgré l'adversité, il a démontré des convictions fortes, bien ancrées et cohérentes avec son personnage d'homme public. Ses électeurs lui font confiance pour faire ce qu'il a dit, seulement ce qu'il a dit, mais tout ce qu'il a dit. Cette crédibilité s'est trouvée renforcée par le fait que son équipe et ses soutiens ne sont pas des politiques de premier plan, ceux-là ayant opté pour le favori Juppé ou pour le champion présumé Sarkozy. Fillon ne semble rien devoir à personne, ce qui laisse à penser qu'il choisirait ses "collaborateurs" de 2017 pour leurs seules compétences et non pour distribuer les sucettes du ralliement.

 

Une dernière remarque pour terminer : 

Face à l'ampleur des écarts, il aurait été opportun qu'Alain Juppé reconnaisse la volonté quasi majoritaire exprimée par le peuple de droite, et qu'après la déclaration de Nicolas Sarkozy, il renonce de lui-même à ce second tour qui n'apportera rien au débat, sauf risquer de fracturer cette dynamique qui s'est levée à l'amorce de la course présidentielle de 2017.    

  

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