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Il y a comme un problème...
7 juillet 2016

Euro et Hulot

Le microcosme politique a une nouvelle fois démontré son inutilité à mettre en place des solutions viables pour le devenir du pays, concentré qu'il est sur ses propres échéances carriéristes et sur ses ambitions, ministérielles ou présidentielles. Affligeant spectacle que ces quatre mois de "débats" conclus par un nouveau 49.3, après six autres mois stériles passés sur la question de la déchéance de la nationalité. A se demander si cette représentation nationale est à la hauteur des défis et des enjeux d'une France livrée aux soubressauts européens et à aux dangers de la mondialisation. Disons qu'elle est à l'image de cette présidence de François Hollande : inapte et inepte.

Aussi, à quelques heures de la demi-finale de l'Euro de football qui va opposer les équipes de France et d'Allemagne, il apparaît plus intéressant de s'interroger sur un point fondamental : est-il vrai que "seule la victoire est belle" ?

Dans un sport individuel au sens large, qui dans mon esprit va jusqu'au cyclisme, il est assurément indiscutable que c'est bien la victoire dans une confrontation "mano a mano" qui est susceptible de créer une légende en même temps qu'un palmarès. Plus que la manière, c'est le résultat, autrement dit la capacité à gagner qui l'emporte, surtout si ces victoires s'inscrivent dans un temps long, année après année.

En sport d'équipe, et donc en football, la réponse mérite d'être beaucoup plus nuancée, parce qu'au delà du résultat, la manière compte. Il n'y avait qu'à suivre les commentaires d'après match sur la France à cet Euro, avec des consultants et des journalistes allant jusqu'à discréditer le résultat lui-même, et par là le jeu et l'équipe. Simplement gagner ne suffirait pas. Partout ailleurs, la gagne suffit à la liesse plus ou moins populaire. En France, il faut aussi le beau (jeu), le panache.

A l'exigence de la victoire fait écho l'exigence de la manière. En fait, une équipe ne saurait se résumer à une addition d'individualités ; une équipe, c'est d'abord un supplément d'âme, une énergie qui transcende, l'idée du surpassement. Quand cette alchimie s'opère, quand l'équipe devient un vecteur d'émotions, il se crée une communion dans le partage au sein du groupe et avec le public, il y a de l'enthousiasme qui rayonne, il y a du bonheur qui inonde. Au final, qu'importe que l'adversaire se montre plus réaliste ou qu'il soit plus chanceux - et donc victorieux ; qu'importe que l'équipe perde après avoir combattu de haute lutte et "tout donné" pour parvenir à son objectif, car c'est bien la manière, c'est bien le scénario du match, c'est bien ce vécu du collectif qui génère cette émotion qui nourrit chacun de nous. Ce n'est pas vrai que les français aiment "les loosers" ; ils sont en recherche de flamboyance, d'éclats, et d'émotions, même si cela doit être synonyme de défaite,    

Ce soir, le sélectionneur de la France sera face à un choix : jouer pour essayer de ne pas perdre ou essayer de jouer pour gagner. La première option validera l'idée - très partagée - que, oui, seule la victoire est belle ; la seconde ouvre la porte à l'épique, à la légende, quelle que soit l'issue de la rencontre, car il vaut toujours mieux jouer sa chance que se la refuser quand elle est à portée de main.

Cet aparté footballistique me permet de rebondir sur la politique,comme le ballon sur la pelouse, avec le choix de Nicolas Hulot de refuser la bataille présidentielle. On peut comprendre les raisons qui pousse "ce chantre de l'écologie et de l'humanisme" à renoncer à s'exposer aux coups bas, au dépoussiérage de ses placards et autres fouillage de ses poubelles, ce qui, au passage signifierait qu'il y a bien des cadavres planqués quelque part. Pour autant, son attitude est loin d'être valeureuse en cela qu'elle discrédite ce personnage public qu'il a su façonner au fils des années et plus encore qu'elle est une négation du "combat de sa vie", la prise de conscience que l'écologie doit être au centre des décisions publiques et des orientations socio-économiques. Par ce refus, il amoindrit ses prises de parole sur l'urgence des changements à opérer pour faire face aux défis climatiques et environnementaux ; elle dénature son lobbying auprès des acteurs publics dont il a laissé entendre qu'ils n'en font pas assez ; il refuse à la conscience écologique de s'installer pour cinq années à la table de toutes les négociations internationales. Après les Droits de l'Homme, héritage des siècles passés, la France aurait pu porter le Droit Ecologique, ou Droits du Vivant, pour éclairer le monde. 

Sans doute, Nicolas Hulot n'a-t-il pas la carrure pour endosser un costume présidentiel. Mais je doute que, bien entouré par des hommes d'Etat issus des Républicains, du Centre et de ce qu'il reste du camp socialiste - ce qui aurait pu se concevoir avec un électron libre tel que lui - il ait pu faire aussi mal à la France que François Hollande ne l'a fait durant ces quatre dernières années.J'ajoute que la seule perspective de voir se rejouer la présidentielle 2012 aurait dû être, chez lui, l'élément déclencheur de sa décision à concourir librement, sans le soutien d'aucun parti politique, à la course présidentielle.

Peu importe qu'il ne soit, ni se sente "homme providentiel", personne ne l'est aujourd'hui dans le microcosme politicien, et plus personne ne le sera dans la France du XXie siècle, et surtout pas les "redites de 2012". Il est d'ailleurs surprenant qu'il ait choisi cet argument, quand une gouvernance bien organisée et efficace ne peut être que collective, pour parvenir à ce supplément d'âme et d'adhésion qu'apporte l'esprit d'équipe. Dans la Nature, tout est lié et interdépendant dans une coopération symbiotique. Nicolas Hulot, en connaisseur des mécanismes naturels, aurait pu, aurait dû tenter pour aller au bout de son engagement en s'en inspirant.

Il serait bien inspiré désormais de prendre du champ avec la sphère politico-médiatique : le pays n'a pas à subir l'influence de ces éternels donneurs de leçons qui ne vont jamais au bout de leur logique. Pour le coup, il n'y a dans ce renoncement ni la beauté d'une possible victoire, ni la flamboyance d'une lutte qui aurait été finalement perdue. Compte tenu du spectacle proposé par la Gauche et du risque revanchard à Droite, cela est plus que dommage, c'est une faute.

 

 

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