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Il y a comme un problème...
25 juin 2016

Brexit: une chance à saisir sans tarder

Après avoir freiné la construction européenne avec une belle constance et une certaine perfidie (Ah Albion décidément jamais ne change - lol), voilà les dirigeants du Royaume-Uni tentés de jouer les prolongations en voulant adopter un tempo de sortie digne d'une promenade de vieillard cacochyme en déambulateur.

David Cameron, ce Premier ministre qui a voulu ce référendum pour des motifs de politique interne - à son parti et à son pays - ne souhaite pourtant pas assumer son acte de sécession jusqu'au bout : il ne s'estime pas le plus qualifié pour envoyer sa lettre de rupture aux instances européennes. Or qui plus que l'initiateur de cette initiative saurait l'être mieux que lui ? Voilà le problème commun à toutes ces personnalités du monde politique qui s'exonèrent de toute responsabilité face aux situations de crise (qu'ils ont souvent contribué à créer !) et qui fuient leurs devoirs, envers leurs électeurs et envers leurs partenaires.

Si ils avaient un tant soit peu de poigne et de volonté à agir, les autorités et les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union Européenne intimeraient à M. Cameron d'initier dans l'heure le recours à l'article 50 du Traité de Lisbonne. Il serait aussi grave qu'intolérable pour les pays du continent européen d'être l'otageà la fois d'une situation qu'ils n'ont pas voulue et d'un atermoiement britannique dont ils n'ont pas à souffrir les conséquences. Quand bien même il semble évident que le Brexit prendra des mois, voire des années, pour devenir effectif, aucune raison, politique ou technique, ne saurait justifier un report de l'officialisation juridique du divorce à la fin de l'année 2016. En peuple souverain, les britanniques ont voté pour la sortie, qu'ils s'acheminent sans délai vers la porte !

Côté français, s'il va de soi que le président de la République consulte, comme à chaque fois qu'il s'agit de l'Europe, les leaders des principaux partis politiques avant que d'aller discuter avec les responsables des pays fondateurs de l'UE lundi prochain, il est consternant de lire entre les lignes du discours de François Hollande que cette France qu'il prétend diriger n'a manifestement pas préparé sérieusement l'hypothèse du Brexit. Que son "sursaut" ainsi appelé derrière son pupitre résonne plutôt comme le spasme d'un corps moribond avant le trépas, bien plus que comme une nécessaire et salvatrice initiative pour enfin se libérer du frein anglais pour faire aller l'Union de l'avant !

Une fois encore, M. Hollande fait la preuve qu'il n'a jamais fait sienne la devise du dirigeant éclairé, selon laquelle "gouverner, c'est prévoir", et à défaut anticiper... juste au cas où. Certes, personne n'est aujourd'hui capable de mesurer les indicences et les conséquences de ce Brexit ; pour autant, il eût été utile que les conseillers, dans les ministères, planchent sérieusement sur une issue référendaire qui était loin d'être une surprise.

A l'issue de la réunion de lundi, l'Union sortira renforcée ou elle entamera une déliquessence que les populistes de tous bords ne manqueront pas d'exploiter à leur profit. Loin d'un sursaut, il faut un rebond à cette construction européenne dont la logique, inscrite dans son ADN, tend au fédéralisme à l'américaine, avec une communauté des pouvoirs consentis pour régler les questions que chaque pays isolément ne peut gérer seul, et une autonomie de décision/gestion pour les affaires locales et du quotidien.

Au delà des secousses conjoncturelles nourries de l'état d'incertitude né du Brexit, le départ britannique doit devenir la chance d'un noyau dur européiste pour relancer la construction d'une structure extra-nationale aussi démocratique que responsabilisée, pertinente et efficace hors de laquelle aucun pays européen ne peut décemment pas exister et compter à l'échelle de la mondialisation, face aux puissances mondiales que sont la Chine, les USA, le Japon...   

Dans cette Europe nouvelle, Dublin pourrait légitimement prétendre à devenir la nouvelle place boursière européenne en lieu et place de Londres, ce qui permettrait de faire passer la réunification de l'île sans déclencher des nouveaux troubles à Belfast. L'Ecosse pourrait enfin libérer ses énergies pour son propre profit à l'issue d'un processus express d'indépendance-rattachement à l'UE. La zone Euro pourrait enfin prendre tout son sens et devenir performante pour booster l'économie de ses membres. Il suffirait d'une vision couplée à une vraie volonté, le tout expliqué aux peuples sans lesquels rien ne pourra se faire. Nous ne sommes plus au sortir de la guerre, où les dirigeants devaient se montrer plus éclairés que leurs concitoyens. La pédagogie impose de faire adhérer les citoyens au projet européen et non de l'imposer sans leur consentement.

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