Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
4 juillet 2013

L'environnement, secteur volontairement sinistré de la mandature Hollande

Après l'intervention présidentielle du mois de mai, alors que François Hollande était au plus bas dans les enquêtes d'opinion et que très clairement se posait sur la place publique la question de son autorité autant que de sa méthode de gestion de la crise, j'avais pronostiqué que la fête était finie, et que, comme il se doit en pareilles circonstances, le prochain ministre, ni le plus coupable, ni le plus rebelle, mais surpris à franchir la ligne jaune serait durement sanctionné. Et voilà qu'en l'espace de quelques heures, Batho a coulé (oui, je sais je tombe dans la facilité).

Il en est ainsi avec les personnes faibles et les pouvoirs affaiblis : les premières comme les seconds sont capables d'endurer de multiples vexations, les deux acceptent que d'aucuns tirent sans cesse sur la corde, jouent avec leurs nerfs, tournent à leur avantage leur posture apathique et leur mollesse de caractère. Mais à un moment donné, une sanction tombe, terrible, violente, presque au hasard juste pour laver les frustrations accumulées, et surtout pour faire un exemple. Mais à quel exemple avons-nous eu droit hier avec le limogeage de Mme Delphine Batho, vécu en direct sur les réseaux sociaux ? Qu'un ministre n'a pas le droit de dire aux français la vérité, ou du moins sa part de vérité quant aux arbitrages rendus sur son budget de tutelle et quant à sa lecture du ressenti exprimé à longueur de sondages, mais pas seulement, par ses concitoyens ? Qu'une ministre qui a priori n'était pas forcément à sa place à ce poste n'avait finalement pas le droit de se sentir concernée par son sujet au point de regretter publiquement que l'économie verte se retrouve plus sacrifiée que d'autres ministères en ces temps de crise, alors qu'il lui semble qu'il y a là une possibilité de relance plus vertueuse car plus écologique et durable ?

Il ne faut pas avoir la mémoire courte. L'ère (pour ne pas dire l'expérience) gouvernementale Ayrault a tout juste quatorze mois et cette administration a déjà planté deux ministres de l'Environnement. Au moment où le mini-Dieu Proglio obtenait sa prolongation de vie pour ses centrales nucléaires, le duo exécutif prononçait la déchéance de Delphine Batho. Coïncidence ? Non ! Rappelez-vous : les coïncidences n'existent pas ! Sans être une écolo, sans même avoir une "fibre verte", il semble que Mme Batho ait néanmoins décidé de travailler ses dossiers avec sérieux et pragmatisme, mais assurément de façon trop effacée ou discrète, ce qui a contribué à fragiliser une position qui était déjà peu vaillante, eu égard à son manque de réseaux et à son absence d'expérience. Or Mme Batho se retrouvait du jour au lendemain responsable de deux bombes en puissance : d'une part, la gestion politique de fait de l'alliance avec le partenaire-trublion EELV, puisque le maintien de ce parti dans la majorité gouvernementale est directement lié aux résultats et/ou aux concessions obtenus par le ministère de l'Environnement au sein de la politique générale du gouvernement ; d'autre part, la gestion d'un dossier-clé, potentiellement le plus important du quinquennat quant à ses retombées à l'horizon 2020/30, celui de la transition énergétique, prélude à la construction d'une nouvelle économie et d'un nouveau modèle social. Aussi la question fondamentale est celle-ci : pourquoi MM. Ayrault et Hollande ont-ils fait le choix d'une femme qui avait plus un profil "Sécurité et Justice" au PS pour prendre un tel portefeuille ? La réponse a été donné par NKM : le duo Ayrault Hollande se montre faible avec les forts et fort avec les faibles. Pour sanctionner certes, mais aussi et surtout pour conduire sa politique. Or le ministère de l'Environnement est traditionellemnt un gros caillou pour le puissant lobby de l'énergie notamment - gaz, pétrole, nucléaire. Faire valser le titulaire tous les ans, c'est s'assurer d'une désorganisation perpétuelle du ministère, d'une absence de constance dans les arbitrages et décisions, et d'autant de possibilités de faire passer des dossiers sensibles en catimini en profitant de la confusion des passages de témoin.

Le cas personnel de Delphine Batho est moins intéressant que ce que ce limogeage brutal nous indique sur le duo exécutif et de sa volonté de laisser les plus puissants diriger la danse en sous-main, comme de sa manière d'exercer l'illusion du pouvoir. Mme Batho a payé cash pour Montebourg, Peillon et Valls notamment. Elle a surtout été victime de cette vision politique façon "ENA-grands commis de l'Etat" qui gangrène le fonctionnement de nos institutions et fait le lit des manoeuvres à connotation maffieuse ou maçonnique. Hier, c'est l'Environnement qui a été viré du quinquennat Hollande, et il ne faudra pas compter sur EELV pour relever la cause... A quelques mois du scrutin municipal, il serait politiquement suicidaire de quitter l'alliance électorale qui peut ramener au mouvement de l'écologie de gauche quelques mairies secondaires. A moins que... A moins que, anticipant la vague de rejet du pouvoir en place qui affectera les édiles de gauche, EELV ne préfère quitter le navire en jouant la vertu outragée, quitte à oser des rapprochements locaux avec l'UDI et se refaire une santé électorale au scrutin européen de 2014 ? Autre façon d'aborder le sujet : Hollande va-t-il réussir le pari de faire exploser EELV pour en finir avec l'écologie politique durant la période 2014/2017 ? Pour le moment en tous cas, il réussit parfaitement à nourrir le FN avec des cohortes d'électeus potentiels....   

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité