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Il y a comme un problème...
24 août 2012

L'arrogant M. Normal

A l'occasion de la rencontre avec la chancelière allemande d'hier soir, François Hollande aurait déclaré : "je veux que la Grèce reste dans la zone euro". Mea culpa, j'ai lu très vite l'information sur Yahoo et la phrase n'est sûrement pas exacte mot pout mot. Par contre, et c'est là l'objet de mon propos, les mots "je veux" se sont très clairement imprimés dans mon cerveau encore embrumé.

Je ne pense pas qu'il s'agisse là d'un raccourci pour faire un titre choc, puisque les guillemets étaient de sortie à cette occasion. Je crois donc plus volontiers qu'on tient là ce qui va constituer l'une des grandes faiblesses de ce quinquennat, une arrogance très française qui se camoufle sous des couches de normalité. Depuis tout jeune, j'ai appris qu'on ne devait pas dire "je veux" car c'était faire montre de la plus grande des impolitesses. Il y a maintes façons de témoigner d'une volonté, voire d'un volontarisme, fût-il excessif pour des raisons à la fois politiques et médiatiques. On peut "désirer ou souhaiter fortement" ; on peut "s'inscrire résolument" ou se "positionner sans aucune ambigüité" pour (ou contre). On ne dit pas "je veux" comme un gosse mal éduqué devant un jouet, une glace ou que sais-je encore !? Face aux larbins qui constituent sa cour et son arrière-cour, le nouveau prince de France peut bien dire "je veux" tant qu'il le souhaite, car c'est avec des règles issues de la royauté que notre système républicain semble fonctionner. Sauf que l'on apprend à être roi, alors que l'on peut devenir président par accident, ou presque, ce qui est présentement son cas. Mais quand on s'adresse aux autres, à ses concitoyens comme aux citoyens grecs, allemands et européens, on adopte une approche plus humble, certes engagée, forte, convaincue, mais pas moins humble. On ne dit pas "je veux" d'autant plus quand l'objet sur lequel porte sa "volonté" est en fait largement hors de son seul contrôle.

Ce travers d'enfant gâté était déjà à craindre quand le candidat socialiste déclamait dans ses meetings que "lui élu" il allait mettre au pas Mme Merckel et la rigoureuse intransigeance allemande, que "lui élu", il conduirait au destin d'une Europe qui, de proche en proche, redeviendrait socialiste grâce à son exemple, que "lui élu", la crise internationale serait derrière nous, puisque, si crise il y avait, elle était surtout le fait du Sarkozysme. Il y a une grande différence entre l'affirmation d'une volonté forte de faire quelque chose et l'arrogante posture de celui qui pense que le monde doit tourner autour de lui. François Hollande semble penser que vouloir, c'est pouvoir. Mais cela n'est vrai que pour ce qui dépend directement de soi. Dans le cas de la crise de l'euro, pour ne pas dire de l'Europe, ce n'est ni lui, ni personne qui seul peut imposer un diktat aux autres membres de l'Union d'abord, aux marchés internationaux ensuite. Le faire croire aux français, c'était une imposture ; le croire soi-même, cela confine à l'arrogance la plus stupide qui soit.

François Hollande se déplace en TGV. La belle affaire s'il se prend pour Dieu-le-père 100 jours à peine après son investiture ! Et dans sa tour d'ivoire, il s'improviserait même coach médiatique pour ses ministres à grand renfort de SMS. On savait la compagne adepte du tweet, voilà le président normal super-geek qui intègre "la génération des poucettes" pour orienter les réponses politiques de ses ouailles. S'il passe son temps à zapper chaînes de télévision et de radio, ce n'est pas étonnant que les 100 jours n'aient accouché de rien de nouveau sous le soleil estival. Ah si la dernière info du jour, c'est la prochaine réapparition de la publicité sur France Télévisions après 20h. Quand cette présidence en aura fini avec le détricotage systématique des cinq années de réforme Sarkozy, on verra peut-être le changement promis dans le slogan. Parce qu'un simple retour en arrière, cela peut être une ode aux années Chirac (entre Corréziens, n'est-ce pas ?!)mais en aucun cas cela ne saurait constituer un "vrai changement". Perdre cette suffisance de mauvaise aloi serait déjà un bon début... Mais qui a dit qu'à l'impossible, nul n'était tenu, déjà ? 

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