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Il y a comme un problème...
13 juin 2012

L'UMP et le FN, une histoire compliquée, un avenir incertain

La polémique faite autour du tweet de Valérie Treirweiler est une bénédiction pour l'UMP. D'abord parce que ce couac, que je qualifierai de sentimentalo-politique, met en relief des relations conflictuelles au sommet de l'Etat, lesquelles pourraient à terme interférer gravement dans la vie institutionnelle française, notamment mais pas que, si Mme Royal devenait la prochaine présidente de l'Assemblée nationale (Cf. post d'hier). Compte tenu du dernier sondage sur sa circonscription, c'est loin d'être gagné pour elle, mais l'électeur est versatile, et pour peu que Ségolène adopte le rôle de la victime après celui de la "quasi-parachutée", un renversement de tendance est possible. Ce clash pourrait même avoir des conséquences en terme d'image au plan international. Déjà nous remarquons que la presse étrangère s'est emparée de l'affaire et que l'image de la présidence - je ne parle pas là de cette photo officielle à refaire pour cause de drapeau "hollandais" trainant par terre.... notamment (Cf mon post sur le sujet) - ressort forcément écornée de cet épisode aussi surprenant qu'inédit, au moins en France. Après un mois de présidence effective, le vernis se fendille déjà et même si cela n'augure en rien de la capacité de François Hollande à diriger le pays, ce "duel" public entre sa compagne et son "ex" fait vraiment tâche dans le paysage.

Mais au delà du fait qu'elle remplit le carquois de la droite de flèchettes destinées à fragiliser la vertueuse posture présidentielle, cette polémique constitue surtout un contre-feu médiatique au vrai sujet politique du moment : la position de l'UMP vis-à-vis du FN. Le bureau directeur du parti présidé par Jean-François Copé a adopté la position du "ni-ni", autrefois chère à François Bayrou : ni alliance électorale, ni front républicain. L'absence de discussions officielles entre les deux partis, et a fortiori d'accords de désistement réciproque, n'est pas "suffisant" pour les censeurs de la gauche, eux qui ne refusent pourtant jamais les alliances ou les votes issus du PC, de LO ou de NPA... Apparemment l'extrême à gauche sent meilleur que l'extrême à droite. Aux victimes de l'une et de l'autre de débattre sur ce point, ce serait sans doute éclairant pour nos donneurs de leçons. Vous me direz, quand on vit dans les beaux quartiers, en disposant de revenus plus que confortables, on ne voit pas la vie du même oeil que le galérien du quotidien dans sa banlieue communautarisée. Cette absence d'accord factuel n'empêche cependant pas, dans certaines circonscriptions, les candidats de l'UMP de cligner de l'oeil vers "un peu plus" que les seuls électeurs du parti de Marine Le Pen. Car localement, on se parle, on communique ; c'est aussi ça, la démocratie. Et il y a quand même une logique aux appels du pied de l'UMP à l'électorat FN. Sauf si ceux-ci décident de s'abstenir en masse ce dimanche, il y a quand même plus de raisons objectives pour les électeurs de l'extrême-droite de glisser dans l'urne un bulletin UMP qu'un bulletin PS ou Front de gauche ! Il y a quand même plus de passerelles, et selon les sujets, les circonstances ou les moments, plus de viaducs entre le FN et la droite dite "traditionnelle" qu'entre le FN et la gauche ! Les procès d'intention menée par le PS et ses alliés sont de bonne guerre, mais ils ne tiennent pas à l'analyse. Si ces "extrémistes", souvent  vilipendés, toujours considérés comme plus ou moins "égarés" dans les discours de la gauche et du centre, avait une sensibilité à gauche, ils auraient rejoint Mélenchon. Hors ce "transfert" n'a pas eu lieu, au grand dam de JLM qui comptait bien sur le jeu des vases communiquants entre extrêmes frontistes. Les électeurs du FN sont essentiellement issus de la droite et ils se reporteront naturellement et majoritairement sur le candidat de droite, sauf abstention pour sanctionner "l'UMPS", sauf consigne spécifique locale ou nationale (genre black-list de Marine Le Pen).

 De la même façon, prendre l'argument du "sursaut républicain" qui a conduit "en masse" les électeurs de gauche à voter "pour Chirac" ne saurait masquer le fait que ceux-ci ont en fait voté "contre Jean-Marie Le Pen" parce qu'il n'en voulait pas. Jacques Chirac avait-il besoin des voix de la gauche pour l'emporter ? Son score du premier tour indique clairement que non. Au mieux, Jean-Marie Le Pen  aurait-il  obtenu dans cette "primaire" de la droite élargie un maximum de 30% des suffrages pour le second tour si la gauche s'était abstenue. Mais depuis 2002, les socialistes sont "républicains frontistes", surtout quand cela ne leur coûte rien en siège puisqu'ils ont été éliminés par le suffrage universel. Et d'ailleurs, à quoi ça rime cette expression de "front républicain" ? Je vais me répéter mais si le FN ne contrevient pas à la loi, qui depuis 1981 est régulièrement faite par le PS et ses alliés, quelles raisons objectives aurait-on de considérer le FN comme un parti "hors-la-loi", ou comme une sous-force en marge du paysage politique local ? Le FN prône le racisme ? Il y a une loi pour santionner les propos et les comportements de ce type. Le FN est l'héritier du nazisme à la française ? Non seulement il y a une loi pour ça aussi, mais dit-on que le PC est porteur du stailinisme ?

Plus la gauche stigmatise la droite sur le sujet du FN, et plus elle renforce le FN. Vous me direz que c'est là le but perfide de cette posture "républicaine", affaiblir l'UMP, voire amener à son implosion. Car ce n'est un secret pour personne, l'UMP est de plus en plus tiraillé par un rapprochement avec le FN. Pour des enjeux électoraux, certainement. Mais aussi pour des raisons plus fondamentales : avec l'entrée des centristes, nombre de ceux qui ont plus la fibre "RPR" ne trouvent plus leur compte dans un amalgame qui lisse les convictions fortes au nom d'une position médiane commune. Revisiter l'espace de Schengen, fermer quasiment les robinets de l'immigration légale, adopter des mesures plus sécuritaires, voilà des sujets qui résonnent de la même façon dans certains rangs de l'UMP qu'au FN. Il ne faut pas s'étonner des prises de position de certains candidats UMP qui appellent à voter FN, en PACA notamment : confrontés aux mêmes réalités du terrain, ils sont souvent sur la même ligne "idéologique" que le FN. Il y a une "droite dure" à l'UMP, d'aucuns diront une "droite tout court". Et tout l'enjeu de l'après-scrutin, tout l'enjeu du congrès de l'UMP à l'automne,  sera de définir quelle ligne ce parti "de droite" veut prendre pour se mettre en ordre de bataille pour la réconquête des pouvoirs, en région, à la présidence de la République, au Parlement. Et si il s'avère que c'est l'aile molle du parti qui l'emporte, alors même que le centrisme emmené par Borloo et d'autres entend occuper un espace à part entière, je ne doute pas alors, que les représentants de la droite décomplexée entament un rapprochement avec Marine Le Pen. Et rien de dit que cette formation RBM renforcée ne crée pas la surprise si l'aventure Hollande tourne au fiasco.....   

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