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Il y a comme un problème...
3 juin 2012

Législatives en polynésie : 1er tour

Bien qu'éloigné de la Polynésie (encore) française depuis quelques années déjà, j'essaie de conserver un oeil attentif à la politique locale, même si, il faut bien le constater, celle-ci n'a guère évolué au cours des neuf dernières années. Depuis les années 2004/05, le jeu politicien, aux forts relents de compromission et affecté d'une rare indigence intellectuelle, n'en finit plus de repasser les plats d'un combat pseudo- idéologique qui ne cherche qu'à dissimuler des ambitions purement personnelles à faire main basse sur l'argent public. Voilà un pays ultra-marin qui persiste à saboter ses rares atouts pour s'enfoncer dans un marasme qui promet d'être aussi général que définitif. Vécu désormais au quotidien, ce désastre, politique, social et économique, bénéficie beaucoup du fatalisme des populations qui, par nature autant que par choix, ne parviennent pas à se projeter dans l'avenir, chaque jour suffisant à sa peine, un peu à la manière du mode de vie îlien ancestral. Pour autant, il suffirait d'une étincelle pour que le volcan qui couve n'explose, et c'est bien de la responsabilité des élus de faire en sorte que cela n'arrive pas. Mais venons-en donc aux enseignements de ce premier tour du scrutin législatif.

Cette élection de portée nationale n'a jamais mobilisé les foules, d'abord parce que le palais Bourbon et ses joutes droite-gauche sont comme situés sur une autre planète pour les polynésiens, ensuite parce que les députés locaux ont très rarement brillé sous les ors de la République à améliorer concrètement le sort de leurs concitoyens. Cependant force est de constater que ce scrutin-là a vraiment fait le plein des abstentionnistes, ce qui rend encore moins pertinent le choix d'attribuer un troisième siège parlementaire à la Polynésie. On peut en effet se demander si, avec deux sénateurs et trois députés, les 45-50% d'électeurs qui se sentent concernés par les scrutins nationaux se sont pas de facto sur-représentés.

Le second enseignement de ce scrutin, c'est qu'en dépit du rejet grandissant de la population envers les partis polynésiens traditionnels, collégialement responsables du cirque politique de ces dernières années, aucune personnalité prétendant incarner le changement salvateur espéré n'arrive à émerger dans le paysage politique local. C'est un constat pour le moins préoccupant, car si le renouvellement ne peut s'effectuer par la voie des urnes, il pourrait bien choisir un jour le chemin de la rue. Mais il faut se souvenir qu'ici, les habitudes et les réflexes de vote, sinon claniques (un non-sens sociologique ici, à la différence de la Nouvelle-Calédonie tribale), du moins familiaux, ont la vie dure. Chez les plus anciens qui ont bénéficié peu ou prou directement de l'âge d'or de "l'économie Flosse", il existe une reconnaissance quasi-filiale qui les lie à ce chef emblématique de 80 printemps : en Polynésie, on est politiquement né "Tahoeraa" et on votera "Tahoeraa" jusqu'à la fin. Chez les plus jeunes, ce conditionnement mental ne joue pas, mais encore faut-il qu'ils se rendent aux urnes...

Le même phénomène se retrouve du côté des "bleus" indépendantistes, avec une "reconnaissance-piété envers le chef" qui se double là d'un secret "espoir" de faire main basse à terme sur les possessions foncières des "étrangers". Les résultats d'aujourd'hui sont donc logiques puisque les électeurs à s'être déplacés sont avant tout les militants-sympathisants des deux partis antagonistes. En dehors de ces deux mouvements "historiques", essaient d'exister des ambitions, presque toutes venues des rangs "Orange". Elles ont réussi à s'émanciper de l'emprise Flosse en profitant de ses revers électoraux à partir de 2004 et elles ont même pu enregistrer quelques succès, mais moins pour leurs qualités intrinsèques ou leur charisme personnel, que par le rejet de la personne même de Gaston Flosse dans les années 2004-2010. Avec le temps, les outrances financières, statutaires et personnelles du "vieux Lion" se sont estompées dans l'inconscient collectif et, ainsi éloigné du pouvoir exécutif, il bénéficie d'un énième jeunesse. En restant en retrait de ce scrutin uninominal tout en battant campagne inlassablement pour ses poulains, Gaston Flosse  a réussi son double pari de ré-installer le Tahoeraa en position de force électorale et d'infliger un revers personnel cuisant à ceux qui l'ont trahi, au premier rang desquels MM. Tong Sang, Bouissou et Sandras.

Ceux qui ont dû l'essentiel de leur carrière politique aux faveurs du leader historique du parti orange touchent désormais du doigt cette réalité incontournable : ils ne représentent rien ou pas grand chose dès lors qu'ils ne bénéficient plus du soutien actif ou a contrario de l'effet de diabolisation Flossienne. Et pour une fois, il y a une morale dans cette vie politique locale avec la déroute électorale de Bruno Sandras. La défaite du député sortant dès ce premier tour prouve ô combien il avait usurpé son mandat acquis en 2007 sous la bannière du Tahoeraa. Comme souvent,  les  électeurs "Orange" avait voté non pour le "candidat" lui même, mais pour répondre au mot d'ordre du chef de parti. En tournant très vite le dos à son "mentor" et aux électeurs Tahoeraa qui l'avaient élu, M. Sandras n'aura finalement représenté que lui-même pendant ces cinq années comme le prouve cette défaite sans appel. Heureusement pour lui, il a bien profité de son mandat. Heureusement pour la Polynésie, il ne profitera plus de la vie de château parisienne. Mais pas de souci, il saura rebondir, peut-être au côté de Temaru, qui sait ?

La logique voudrait qu'au sortir du second tour, le Tahoeraa bénéficie de deux représentants et le Tavini-UPLD d'un élu. Mais à Tahiti plus qu'ailleurs, la logique et les affaires politiques ne font souvent pas bon ménage. Au plan national, ces résultats locaux n'augurent en rien du déroulement du scrutin du 10 juin en métropole, où les socialistes devraient assurer l'essentiel, une majorité absolue mais pas hégémonique. Mais on peut penser que la participation en métropole aussi sera très loin d'atteindre des sommets.      

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