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Il y a comme un problème...
1 juin 2012

Une campagne si discrète

Je voudrais m'excuser auprès de mes lecteurs les plus fidèles car, ainsi que vous avez pu le remarquer, j'ai récemment laissé "du temps au temps" entre deux posts. C'est la faute à une activité professionnelle trop agitée pour que je puisse la mener de front avec un exercice quotidien d'analyse sur ce blog. Mais il faut aussi souligner qu'à une semaine du premier tour du scrutin législatif, l'actualité politique est proche d'afficher un encéphalogramme plat. Si ce n'était la redite du combat des deux fronts, menée à Hénin-Beaumont à l'initiative d'un Jean-Luc Mélenchon qui ne semble pouvoir exister politiquement qu'à travers Marine Le Pen, le citoyen pourrait jusqu'à oublier qu'il a un choix démocratique à rééditer dans quelques jours. Le festival de Cannes, le tournoi de Roland Garros, la préparation des Bleus pour l'Euro de football, "les voyages de M. Hollande", une météo même qui alterne le très beau et le très mauvais - ce qui ne manque jamais d'alimenter nos conversations, bref tout concourt à voler la vedette médiatique à nos députés putatifs. Mais il faut dire aussi que cette si "passionnante" campagne de juin 2012 ne fait que souligner une même tactique électorale mise en place par le PS d'un côté, par l'UMP de l'autre : gagner (ou limiter la casse), mais sans bruit.

Le PS est orphelin : il a perdu sa bête noire des dix dernières années. L'effacement politique de Nicolas Sarkozy, empreint d'une sérénité apaisée, prive le parti de Martine Aubry de sa tête de turc favorite. Car depuis la réélection de Jacques Chirac sur les décombres du socialisme jospinien, le parti de la Rose avait bâti sa reconstruction sur celui "qui, à droite, y pensait tous les matins en se rasant". L'ex-ministre de l'Intérieur et candidat déclaré à la présidentielle de 2007 offrait une cible si parfaite pour rallier la famille de gauche sociale et humaniste au delà de toutes ses dissensions internes. La victoire de François Hollande s'est d'ailleurs en partie construite sur cette stratégie réchauffée du "Tout Sauf Sarkozy", enclenchée par la campagne de Ségolène Royal ; et elle a été définitivement acquise non tant sur la dénonciation du bilan du "candidat sortant" que sur le contraste d'image "personnelle", savamment étudiée, voulue et habilement renforcée par la posture très médiatisée du "candidat normal". Le parti socialiste n'a donc plus de repoussoir électorale à présenter, il n'a plus personne à désigner à la vindicte populaire. Il ne lui reste qu'un message finalement bien terne : "il faut que les électeurs de mai 2012 donnent une majorité rose au président qu'ils se sont choisis". Certes, c'est logique, c'est "normal", mais du coup, c'est ... plat !! Heureusement, l'exécutif y met du sien avec ses premières mesures un peu racolleuses pour attirer le chaland (quelques primes par ci, promesses d'un retour des avantages perdus par là...), C'est encore "table ouverte" pour tous. C'est les Restos du coeur politique à la sauce gouvernementale. Et pour enfoncer le clou, tous les ministres y vont de leur mesure-marque de fabrique de la gouvernance Ayrault, à savoir le détricotage des mesures phares du quinquennat précédent : justice, police, hôpital, école tout y passe.   Et puis, autant le dire, Martine Aubry est une première secrétaire en pré-retraite. Il est patent qu'elle s'est mise en vacances avant l'heure du fait qu'elle ne briguera pas un nouveau mandat à la tête du parti et qu'elle n'a pas été servie par François Hollande. Alors elle assure un service minimum, au contraire de Harlem Désir qui se voit déjà le premier président d'une République enfin métissée à l'horizon ... 2022, ou 2017 ?!

De son côté, l'ex-parti majoritaire n'a aucun intérêt à pousser à la roue politicienne. L'Union désunie n'a plus de "chef naturel", mais au contraire tant de prétendants qui aspirent à l'incarner que l'on assiste à une sorte de "course de pistards", où chacun jauge et observe l'autre en faisant du sur-place sur son petit vélo. Partir trop tôt en risquant la contre-attaque, et la victoire finale peut s'envoler. Ce jeu de chiens de faïence entre MM. Fillon, Copé, Juppé et et les autres sert aussi la stratégie des élus en lutte pour la conservation de leur siège au plan local. Eux aussi ont un bilan, mais ils n'ont pas une "tare médiatique de l'image" comme Nicolas Sarkozy. Ils ont donc une vraie carte à jouer. Cette situation figée au sommet du parti leur permet de mieux travailler au plan local au plus près de leur électorat.           Qui plus est, une moindre mobilisation des électeurs de l'UMP appelant une moindre mobilisation de l'électorat de gauche - puisque la victoire semble d'ores et déjà acquise - et c'est l'espoir pour la droite d'éviter le piège des triangulaires avec la Rassemblement Bleu Marine. En effet, c'est sur le nombre des électeurs inscrits et non sur celui des votants que se base le calcul pour le maintien au second tour. Une faible mobilisation de l'électorat priverait les candidats de l'extrême-droite de ces 12,5% dans nombre de circonscriptions.

Les seuls à vouloir faire vivre le débat au plan national sont donc ce nouveau couple politique Marine et Jean-Luc. Entre "Secret story" et le Loft, cette histoire qui promet de durer tout le quinquennat balance déjà pas mal au plan médiatique. Et ce d'autant plus qu'un échec rapide de la politique menée par le duo Hollande-Ayrault aurait tôt fait de rajouter du charbon dans les chaudières sociales des deux Fronts.

Il faudra alors se poser la question de ces deux mandatures quinquennales qui sont concomittantes. Ne serait-il pas plus avisé d'organiser les deux scrutins le même jour. Puisque les députés ont vocation à être le bras législatif du président de la République et que chaque candidat à la magistrature suprême se réclame d'une tendance affirmée, sinon d'un parti clairement identifié, il serait logique de coupler les deux élections. Dans la mesure où il y a deux tours de scrutin, cela n'empêcherait pas la conclusion d'alliances de gouvernement dans l'entre-deux tours ; et surtout cela gênerait ce jeu malsain des parachutages opportunistes ou des "dons de circonscriptions" , deux pratiques irrespectueuses de l'électorat. Cela aurait l'avantage enfin de mettre le nouveau gouvernement au travail sans attendre la nouvelle assemblée et sans que certains de ses membres n'aient une épée de Damoclès au-dessus de leur tête dès lors qu'ils sont aussi candidats à la députation.

Mais si tout était plus logique en ce monde, les choses iraient bien trop bien... On pourrait même être heureux, qui sait ? Et les gens heureux, pratiquant une forme d'auto-gestion n'auraient plus besoin de représentants politiques.... Quand je vous dis que je travaille trop en ce moment, voilà que je rêve tout éveillé :-)                 

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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