Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
7 mai 2012

Première analyse

J'avais pronostiqué qu'à plus de 80% de participation, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur le fil. Pourtant, avec un taux d'abstention de 19.66% c'est bien François Hollande qui a été élu. Erreur d'analyse ? Assurément. De toute évidence, j'ai sous-estimé la motivation de certains électeurs à afficher leur refus de l'un et de l'autre candidat, puisque le vote blanc a réuni hier plus de deux millions de suffrages, soit près de deux fois la marge qui a permis au candidat socialiste de l'emporter. J'aurais donc mieux fait de parler par rapport aux suffrages réellement exprimés, autour de 75% . Non ce n'est pas de la mauvaise foi, je me rattrape juste comme je peux (lol). Plus sérieusement, il est raisonnable de penser que ces votes blancs reflètent en grande partie une persistance de la mobilisation de l'électorat FN, ce qui laisse augurer une déroute de la droite aux législatives de juin, alors même que Nicolas Sarkozy a été battu de justesse et surtout sans démériter, ce qui est en soi une véritable performance.

Il n'y a en effet qu'un peu plus d'un million de voix qui sépare le président élu et le président sortant. C'est finalement bien peu pour un candidat d'opposition qui pouvait à la fois "promettre tout et son contraire pour séduire" et s'abriter derrière le bouclier critique du fameux "bilan" pour ne pas dévoiler ses propres faiblesses (absence de cohésion du PS, querelles intestines, alliances mortes-nées..). C'est finalement très peu pour celui qui a fait donner toutes les trompettes du rassemblement opportuniste TSS ("Tous Sauf Sarko"), pour celui qui a tiré grand bénéfice d'une couverture médiatique plus que complaisante pour le PS et pour ce mot d'ordre hautement "philosophique". C'est somme toute ridicule pour celui qui s'est complu dans cette stratégie inique qui donne au PS, si "vertueux" et grand donneur de leçons de morale, le droit "républicain" à s'allier en toute impunité avec tous les extrémismes révolutionnaires de la gauche, tandis qu'il est formellement interdit à l'UMP de même s'adresser aux électeurs séduits par le FN. Sans contestation aucune, François Hollande a gagné cette élection. Reste qu'on peut regretter les méthodes qui ont conduit à cette victoire. La gauche n'a eu de cesse de s'abriter sous le auvent des grands idéaux de justice, d'égalité et de respect des valeurs de la République ; elle a pourtant bien profité de la calomnie et des contre-vérités qu'elle a su distiller directement ou par l'intermédiaire de ses alliés. Et pourtant c'est un fait historique : l'affairisme outrancier, les magouilles en tous genres, les suicides et suicidés ainsi que nombre "secrets d'Etat" inavouables, bref toutes ces "tares de droite" ont bien fleuri et prospéré sous les deux septennats du modèle Mitterrand. Qu'un tel parti puisse continuer à donner le change sans être contredit par les observateurs du monde politique démontre, sinon une collusion partisane, du moins ce formatage des esprits qui pose comme postulat originel que la gauche est toujours humaniste et généreuse (puisqu'elle le dit !! ) quand la droite représente inéluctablement un danger pour les libertés publiques et une source de corruption (puisque c'est la gauche qui le fait dire !!). 

Avec 51.62% des suffrages exprimés et une proportion de quatre électeurs sur cinq à s'être rendue aux urnes, François Hollande devient le nouveau président de la République. Pour autant, ce n'est pas, pour Nicolas Sarkozy, cette défaite cinglante annoncée depuis des mois. Et pour Hollande, c'est loin d'être le résultat qu'il appelait de ses voeux. Car, quoi qu'on en dise, la France reste ancrée majoritairement à droite. La gauche ne doit qu'aux circonstances d'une terrible crise structurelle, européenne et mondiale,  et à une stratégie politcienne perverse initiée depuis les années 80, de détenir les clés du pouvoir politique. La gauche se sort pas renforcée de ce scrutin, car c'est le peuple de droite qui est,en fait, affaibli par ce rapport de force électoral rendu "obligé" entre UMP et FN. Dans six semaines, le PS et ses alliés disposeront de tous les pouvoirs, une première sous la Vème République version décentralisée : présidence de la quasi totalité des régions, présidence et majorité au Sénat, présidence de la République, présidence et majorité à l'Assemblée nationale. Car il ne fait aucun doute que la micro-victoire du TSS incarnée par le candidat Hollande va se transformer en raz -de-marée socialiste lors des élections législatives. Non parce que la gauche va trouver de nouveaux électeurs conquis par le discours présidentiel, mais parce que la présence du FN au second tour obligera à des triangulaires suicidaires pour la représentativité des électeurs de droite au Palais Bourbon. En Alsace, en PACA comme en Languedoc-Roussillon, dans le Nord et partout sur les terres directement impactées par les questions mises en avant par le discours de Marine Le Pen, le FN va faire le jeu objectif des candidats de la gauche. C'est ainsi que des députés PS ou Front de gauche arriveront à être élus avec moins de 40% des suffrages exprimés au second tour. Ce passage obligé à cinq années d'une omni-potence socialiste de tous les instants permettra sans doute un new deal politique, à droite et au centre bien sûr, mais aussi à gauche, dès lors que les effets de la crise auront impacté le pseudo-ciment du front TSS et que l'on se rapprochera de l'horizon 2016/17. Si aujourd'hui, beaucoup pronostiquent l'implosion de la droite dans les mois à venir, on peut déjà imaginer un destin politique similaire pour le PS de 2017.

L'UMP, privé de son leader naturel Nicolas Sarkozy, va devoir mener une campagne perdue d'avance sur le thème "il faut un contre-pouvoir à la gauche toute puissante". Ce message ne peut fonctionner, car ce serait priver le président nouvellement choisi démocratiquement de cette majorité législative dont il a nécessairement besoin pour mettre en place son programme. Ce message sera plus audible pour les régionales. Défaite honnête ou déroute totale, c'est en fonction de l'ampleur de ce nouvel échec programmé que le rassemblement, voulu par Nicolas Sarkozy dans l'optique de 2007, implosera ou non définitivement. Cela dépendra aussi de la capacité de Jean-François Copé à se rendre légitime et incontestable à la tête du mouvement. Aussi, dans ces prochaines semaines, il sera intéressant de regarder quels sont les premiers "rats du navire" à poser les jalons d'une déconstruction de l'UMP à leur avantage. De leurs côtés, les personnalités qui ont quitté cette union des droites avant même le scrutin présidentiel (Borloo, Dupont Aignan, Villepin ...) sauront-ils se comporter en piégeurs d'électrons libres pour ramener vers leurs micro-mouvements politiques les déçus, les ambitieux réalistes et autres opportunistes afin de recomposer une droite capable de séduire et de gouverner à l'horizon 2017 ? Car il faudra bien plus que l'effondrement de la présidence Hollande, les errements et le bilan négatif d'une gouvernance socialiste pendant cinq ans - qu'il ne faut d'ailleurs pas souhaiter pour le bien de la France - pour que la droite traditionnelle l'emporte à ce moment-là. A cette nouvelle droite, il faudra d'abord répondre à la problématique posée par le Rassemblement Bleu Marine en gestation. L'ampleur du vote blanc d'origine FN montre que l'alternative Le Pen se fonde aussi sur un vote d'adhésion. Vous entrevoyez déjà l'étendue de la tâche qui attend cette droite déstabilisée.

Je finirai cette première analyse sur une note volontairement optimiste : la France a finalement plus de chance de s'en sortir avec un François Hollande élu avec 51% des voix, qu'avec un Nicolas Sarkozy réélu avec ce même score. Imaginez la situation qui aurait été celle de la France avec une fronde syndicale qui avait pris fait et cause pour "le changement", avec une majorité de droite très incertaine à l'Assemblée nationale compte tenu des triangulaires Gauche-Droite-FN, avec un jusqu'au-boutisme exacerbé de la part du Front de gauche. Reste à savoir si le désormais président de la République pour ces cinq prochaines années sera effectivement capable de gouverner la France dans l'intérêt de la nation. Et ça, ce sont les prochains mois qui nous éclaireront sur le sujet.     

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité