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Il y a comme un problème...
6 mai 2012

Vox populi, vox dei

Les années à venir diront ce que les historiens retiendront du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Mais je suis d'ores et déjà assuré qu'ils se montreront bien plus indulgents sur son bilan présidentiel et bien plus ouverts d'esprit dans leur analyse de sa vraie personnalité, que ne l'a été ce monde interlope des médias et de l'intelligentsia parisienne qui, pendant ces cinq années, n'a eu de cesse d'étriller et de vilipender l'ex-maire de Neuilly. Le "premier flic de France", aux dires de la gauche en 2007, n'a pas fait de la France cette dictature droitière qu'avait pronostiqué le PS. Bien au contraire, et c'est en partie ce qui a causé sa perte de 2012 : en réalité, Nicolas Sarkozy-président de la République n'a pas suffisamment pesé sur les débats sociétaux majeurs - sécurité, immigration, montée des communautarismes - alors que nombre de ses électeurs de 2007 attendaient d'abord cela de lui. Ainsi qu'il vient de le dire en filigrane ce soir à la Mutualité, je pense que la charge présidentielle l'a à ce point investi qu'il a réellement voulu devenir le président de tous les français, ce qui l'a détourné de son programme initial. Cette charge domine et transcende l'homme politique du fait des multiples responsabilités qui s'abattent sur lui en un instant. Regardez et constatez combien ces hommes d'Etat confrontés à des situations graves arrivent à blanchir rapidement sous le harnais : Obama, Sarkzoy... Ils vieillissent tous d'un coup. A dire vrai, rien ne peut vraiment préparer un individu, fut-il "anormal" de talents intrinsèques et d'expériences gouvernementales, à tenir entre ses seules mains la destinée de ses millions de concitoyens. Certes, le "premier des Français" dispose d'une cour de conseillers et de stratèges et il sait s'appuyer sur la haute fonction publique autant qu'user de "fusibles ministériels", mais au final, c'est bien lui qui appose "la" signature qui compte, c'est bien lui seul qui endosse la responsabilité du choix, devant les hommes et devant l'Histoire. Dans notre vie quotidienne, familiale ou professionnelle, faire un choix représente toujours une source de tension, un somme d'inquiétudes. Imaginez le stress, la tension et le poids que peut représenter la prise d'une décision qui engage la nation toute entière. Or ce genre de décisions arrivent régulièrement. Nicolas Sarkozy a bien des défauts, et il a commis des erreurs. Personne n'est parfait. Mais il a su tenir le navire et, ce faisant, il a bien mérité de la reconnaissance de la nation. L'avenir nous dira s'il est allé au bout de son destin, ou si par une ironie de l'Histoire, la nation ne viendra pas le rechercher du fond de sa retraite politique quand la situation sera désespérée.

Le second point qui est d'ores et déjà assuré à cette heure est que le président sortant a su, ce soir, trouver les mots et l'émotion justes au moment de reconnaître sa défaite alors que le candidat victorieux de 2007 avait raté son entrée avec ces deux erreurs d'image, celle du Fouquet's, celle du navire de Bolloré. C'est peu de dire que la peopolisation, version bling-bling qui plus est, de son début de mandature aura pesé lourd sur l'ambiance de son quinquennat ; si Nicolas Sarkozy n'est évidemment pas exempt de tout reproche dans ces erreurs politiques majeures, il est néanmoins regrettable de constater que les médias ont eu fort peu d'indulgence pour l'homme qui, en même temps qu'il s'installait à l'Elysée vivait l'amorce de son divorce avec sa seconde épouse. Je pense que le nouveau président de 2007 n'aurait pas accumulé autant de gaffes politiques si son couple d'alors avait été serein ; quelque part dans l'inconscient de l'homme Sarkozy, ce bling bling du pouvoir suprême était perçu comme un moyen de sauver son ménage. En tout cas, ces erreurs ne méritaient pas le traitement médiatique et politique qui s'en est suivi, surtout pas de la part de leaders socialistes tout aussi "bling-bling" et appréciateurs des bonnes et belles choses de la vie et du luxe.

En restant en Corrèze ce soir, François Hollande continue d'appliquer jusqu'au bout sa tactique de campagne,  laquelle voulait donner l'impression qu'il incarnait à lui seul le parfait anti-Sarkozysme, Alors afin d'éviter justement toute erreur en terme d'image, à l'instar du Fouquet's, afin de couper court à toute manifestation d'une joie, certes légitime mais potentiellement négative au milieu d'une foule socialiste revancharde, François Hollande a eu l'intelligence de rester en province, loin de ses "amis" politiques et de leurs tentations. Ce succès est d'abord le sien et il a bien mérité de le savourer dans l'authenticité de son fief, entouré de ceux qui le connaissent vraiment, ce qui est loin d'être le cas de tous ces électeurs puisque le véritable M. Hollande a été gommé par des mois de préparation pour ce rendez-vous historique. On remarquera d'ailleurs que ce succès est loin d'être un triomphe : Sarkozy, seul contre tous, du FN au Front de gauche en passant par le Modem, l'a quand même privé de cette large victoire qu'il appelait pourtant de ses voeux. François Hollande est sorti vainqueur du duel, mais, pour lui, tout commence maintenant. C'est maintenant qu'il va pouvoir ressentir le poids des responsabilités. C'est la fin des discours creux convenus et du bla-bla électoraliste ; c'est déjà le temps de l'action, le temps des décisions... Car la situation est préoccupante et compte tenu de l'agenda international, nul doute que Sarkozy ne jouera pas les prolongations au palais et souhaitera procéder à la passation des pouvoirs au plus vite. La France n'a besoin et ne se reconnait que dans un seul chef. Pour le président Hollande, demain, c'est d'ores et déjà maintenant. Et nul doute que le vote grec de ce même dimanche 6 mai va rapidement le plonger dans le bain de cette crise de l'Europe qu'il a tant minimisée pour minimiser le travail de son rival. François Hollande l'a dit : sa nuit de samedi a été courte. Celle de dimanche va être sûrement bien agitée... Mais celles qui vont suivre pendant les cinq prochaines années le seront plus encore.

Bon vent et bonne mer au président Sarkozy. Bon courage dans l'adversité au président Hollande. La France a besoin d'un chef, espérons qu'il saura se révéler comme tel, à ses amis socialistes et à ses partenaires de majorité pour commencer. 

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