Abstention / Participation : la clé du scrutin

Le taux d'abstention est la clé de cette élection du 6 mai 2012. Compte tenu des positions affichées par les différents candidats  défaits par le premier tour de scrutin, seule la capacité des électeurs à se mobiliser demain va déterminer l'issue de ce vote, si important pour la nation française.

La raison en est simple : en l'absence d'un bulletin blanc comptabilisable, nombreux sont ceux qui peuvent estimer vain de se rendre au bureau de vote pour effectuer leur devoir de citoyen, puisque l'institution électorale ne tient aucun compte de leur signal, envoyé au monde politique. Tous ceux, essentiellement les électeurs du FN et du Modem, qui se refusent à choisir entre les candidats Hollande et Sarkozy n'iront donc pas aux urnes demain. Dans ces conditions, il est inutile de faire des projections en faisant de savants calculs à partir des chiffres obtenus par les uns et les autres le 22 avril ; ce ne sont que pures conjectures pour entretenir une illusion mathématique. Cela ne tient compte ni du facteur psychologique, si important au moment de choisir le symbole de la République pour cinq ans, ni de cette petite frange de l'électorat, les abstentionnistes du premier tour, qui ne se mobilise que pour "le seul scrutin qui compte vraiment". C'est bien le taux d'abstention qui va être à la fois un révélateur de l'engouement populaire pour ce duel et le seul indicateur fiable annociateur du résultat définitif.

En dessous de 70-75% de participation, le candidat Hollande est assuré d'être déclaré vainqueur demain soir à 20 heures. Sa victoire sera nette et sans appel. En effet, cette baisse de la participation traduira surtout le non-report des voix du FN et du Modem sur le candidat de droite. Avec une participation autour de 75 - 80%, la victoire ira sans doute au représentant du parti socialiste, activement soutenu par le Front de gauche et  EELV,adeptes du TSS (Tout Sauf Sarko) : le résultat sera proche d'un rapport de force 46 / 54 en faveur de François Hollande. A ce stade, le report effectif des voix du FN devrait s'établir à 75% pour Nicolas Sarkozy et 25% pour François Hollande, les électeurs du Modem étant plus partagés avec une quasi parité 50-50%. Au-dessus du taux de 80%, cette élection se jouera dans un mouchoir de poche, avec, contre toute attente - et surtout celle induite de façon fort discutable par les sondages -  un léger avantage pour le président sortant (50.5 - 49.5%).      

Aussi c'est en comparant la mobilisation citoyenne tout au long de la journée par rapport à celle du 22 avril qu'il sera possible de dire, dès avant 20 heures, quel visage s'affichera sur les écrans de télévision au moment de la cloture des derniers bureau de vote. En dessous de 80%, c'est Hollande et son pseudo changement avec Fabius, Aubry et Ayrault aux manettes, Jospin, Mauroy, Beregovoy et Mitterrand en "caution morale" ; au dessus de 80%, Sarkozy rempile pour un second mandat. Inutile d'aller chercher sur le Net les "fuites de 18h" pour connaître la réponse avant tout le monde. A défaut de croire en ce pronostic, il vous suffira de voir le mine, réjouie ou non, des journalistes et commentateurs à la prise d'antenne vers 18h30 pour être définitivement fixé : grand sourire (Hollande vainqueur), mine congestionnée (mandat Sarkozy renouvelé). Et si vous les voyez crispés, c'est que ce sera très serré, à 50-50.