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Il y a comme un problème...
3 mai 2012

Debatus interruptus : la France méritait deux débats

Nicolas Sarkozy avait raison. Le destin de la France et les électeurs avaient le droit à ce que les médias organisent deux ou trois débats, compte tenu des enjeux et de la situation très particulière qui est celle du pays et de l'Europe aujourd'hui. Au titre du service public et au service de la démocratie, l'organisation de deux confrontations était même un devoir. François Hollande et son équipe en ont décidé autrement. Qu'ont-ils donc à cacher aux français qui ne puisse leur être révélé ?

Mercredi soir, nous avons assisté à un duel certes, mais qui, pour l'essentiel, nous a laissé largement sur notre faim dans la mesure où le candidat du changement a surtout livré un combat largement dépassé sur le passif du président sortant. Qui, ce matin, est capable de dire le contenu réel et concret du programme de François Hollande, mises à part les mesures électoralistes touchant le prix de l'essence et l'allocation de rentrée scolaire ? Quelles sont les coupes budgétaires, les quelques 40 ou 50 milliards d'euros, que le successeur de François Mitterrand va devoir effectuer pour revenir à l'indispensable équilibre des comptes publics sur lequel il s'est par ailleurs solennellement engagé ? Rien n'a été dit sur ce sujet, essentiel, qui va nécessairement fâcher l'électorat de la gauche élargie, puisque les économies affecteront nécessairement les services publics, la fonction publique et l'ensemble des domaines régaliens, voire les transferts de l'Etat vers les collectivités locales. François Hollande s'est exclusivement positionné sur la critique du bilan des mandatures de droite depuis 2002, et c'est son droit. Mais cela met surtout en lumière sa tactique de campagne qui a, pour l'essentiel, consisté à faire le procès d'un passif et à adopter une posture personnelle se voulant à l'opposé de la personnalité du président sortant. Cette stratégie lui fera sans doute emporter la mise dimanche soir. Mais on ne gouverne pas un pays en regardant sans cesse dans le rétroviseur ; on ne gouverne pas un pays en se donnant pour tâche principale, voire unique,  le détricotage des réformes qui ont été mises en oeuvre justement pour rééquilibrer le budget de l'Etat.

Hier soir, nous avons d'abord été les spectateurs d'une bataille de chiffres, dont aucun de nous ne possède, sinon la clé, du moins la véracité. C'est d'ailleurs ce qui est tellement pratique avec les statistiques et les bilans comptables, on peut faire dire tout et son contraire à partir des mêmes données, alors quand en plus, chaque camp utilise des bases de calcul ou des références différentes, il ne faut pas s'étonner que les citoyens décrochent et s'attachent plus aux détails, à la part de subjectivité qui prévaut dans un choix aussi essentiel que celui concernant le futur chef de l'Etat. Sur ce plan-là, je doute que le débat ait, dans un sens ou dans l'autre, influé sur le choix des indécis et des abstentionnistes potentiels. Le candidat de l'opposition a fait son show, bien à l'abri de son propre non-bilan absolu, puisqu'à titre personnel, le député de Corrèze n'a jamais été en charge d'une quelconque responsabilité en tant qu'homme d'Etat. Il ne peut donc prêter flan à la moindre critique, sauf celle de dissimuler l'homme vrai qu'il est et d'entretenir le flou sur une équipe dont il dit pourtant qu'elle est d'ores et déjà formée et prête à gouverner. Mais dévoiler les alliés de demain serait sans doute trop contre-productif pour le candidat du PS, puisque les acteurs du "changement 2012" sont évidemment les mêmes que ceux des années Jospin, Claude Allègre mis à part bien entendu. C'est ce qui est d'ailleurs préoccupant, car je doute que leurs réflexes de "largesse sociale" s'accomodent mal de la présente situation. Au tournant des années 2000, la France surfait sur le haut d'une vaguelette de croissance, ce qui avait permis au gouvernement Jospin de dépenser sans compter. En 2012, c'est le terme même de dépenses qui doit être économisé et c'est la rigueur budgétaire qui doit être de mise.

Nicola Sarkozy a essayé de remettre son bilan, forcément négatif par rapport à ses engagements de 2007, dans la perspective plus large de l'état de l'Europe et des pays de l'OCDE. C'était logique, même si les foyers français, dans la galère du quotidien ou dans l'inquiétude du lendemain, ne trouveront guère de satisfaction à savoir qu'ailleurs c'est pire. Nicolas Sarkozy est nécessairement responsable puisqu'il a été en charge des affaires de l'Etat et que c'est lui qui a pris les décisions. Chacun jugera des conséquences de ces décisions et orientations présidentielles en fonction de sa situation personnelle ; pour autant, et puisque le bilan était au centre des préoccupations du candidat Hollande, il n'était pas inutile de rappeler que la situation pourrait être encore plus critique, si aucune décision ferme n'avait été prise dès 2008. Et c'est bien là ce qu'il convient, à mon sens de retenir finalement de cette confrontation sans concession : au vu du débat, quel est l'homme qui, en ces temps difficiles, sera le plus à même de trancher dans le vif, de prendre les décisions qui s'imposent à la France, même si cela doit se faire dans un premier temps au détriment des français ? Qui est le plus gaullien des deux, qui est celui qui fera le choix de la nation avant de faire celui de sa propre réélection ? Qui sera l'homme libéré de tout engagement et capable de s'investir dans une logique historique ? Et à l'inverse qui sera l'otage d'une majorité contradictoire ?

Nicolas Sarkozy a fait des erreurs durant son premier quinquennat, et franchement je doute qu'il fasse les mêmes lors du second. Il en fera d'autres, assurément, mais il fera aussi de bons choix. Car il a emmagasiné de l'expérience, notamment au niveau international, ce qui, en ces temps de crises multiples, est un atout pour la France. Et pour autant qu'il puisse disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale, il saura être le décideur qu'il faut à un pays qui a d'abord besoin de se rassurer et de se forger une nouvelle identité dans un monde en changement.

François Hollande n'est clairement pas l'homme de la situation. A l'image d'Oscar Temaru, il n'aurait de cesse pendant son quinquennat, de tergiverser et de différer les décisions qui doivent pourtant être prises. Je crains fort que l'homme de concensus - ce qui n'est pas un gros mot en l'occurrence lol - ne soit pas en mesure de diriger un navire aussi imposant que la France par gros temps. Or notre pays ne peut se payer le luxe de cinq années d'apprentissage ou de conduite accompagnée.

Voyez-vous, j'ai un souvenir très précis de l'année 1995, année où la France était engagée en Bosnie Herzégovine. Jusqu'au début du mois de mai, les soldats français agissant sous le pavillon de l'ONU étaient seuls, sans consigne claire, sans ligne directrice précise car la présidence Mitterrand finissante, arc-boutée sur son pré carré régalien en temps de cohabitation, n'avait pas la poigne nécessaire à faire respecter les engagements pris. Ces soldats français étaient les otages d'une situation conflictuelle tolérée par une politique attentiste du chef de l'Etat socialiste ; ils en étaient même devenus des cibles des snipers serbes. En mai 1995, Jacques Chirac a été élu ; et immédiatement ordre a été donné de "reprendre le pont de Vrbania". De ce jour, grâce à cette décision symbolique forte, le nouvel hôte de l'Elysée a permis aux soldats français de se faire respecter sur le terrain et le blocus de Sarajevo a été levé dans les trois mois qui ont suivi. J'y étais, je sais parfaitement de quoi je parle. 

Dans ces temps troublés, la France a besoin d'un commandant en chef qui sache se faire respecter et, par là même, faire respecter la voix de la France : dans ce duel du second tour que les français ont choisi, seul Nicolas Sarkozy a, à ce jour, la stature qui convient.             

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