Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
21 avril 2012

La défaillance du 4ème pouvoir

"L'enfer, c'est les autres". Quoi de mieux qu'une élection pour connaître le jugement des autres sur soi ? Dans notre vie familiale, professionnelle et sociale, nous vivons au quotidien cet "enfer" du regard critique de l'autre. Et parfois nous acceptons même de nous soumettre au vote de nos pairs, à l'école, dans l'entreprise ou dans notre co-propriété pour en devenir un "représentant". Nous sommes donc à même d'avoir une petite idée sur ce que s'apprêtent à endurer les dix candidats, ce dimanche soir. Car au delà du projet défendu et en dépit du fait qu'il s'agit du travail de toute une équipe, une élection présidentielle est d'abord un jugement de valeur sur la personnalité des candidats qui se présentent au suffrage universel. "Plébiscite", "succès relatif" ou "cuisante désillusion", le résultat, en ce qu'il constitue une mise en cause personnelle, a nécessairement une dimension psychologique forte, d'autant plus forte que les résultats et les commentaires y afférant bénéficient  des feux grossisants des projecteurs médiatiques. Rappelons-nous ce professeur rendant les copies en indiquant à voix haute la note et ses observations sur le travail fourni et imaginons un instant que les murs de la classe aient épousé, à l'époque, les fontières du pays, et nous comprendrons mieux ainsi le courage de ces femmes et de ces hommes qui ont accepter de jouer le jeu de la démocratie. Faut-il se sentir investi d'une vraie mission citoyenne, ou être porté par une ambition personnelle démesurée (les deux choses n'étant d'ailleurs pas incompatibles entre elles) à moins qu'il ne s'agisse d'une forme d'inconscience bienheureuse, pour accepter de se lancer dans pareille aventure ?  "La critique est aisée, l'art difficile", a-t-on coutume de dire. Il faut donc saluer ces dix animateurs du débat politique et leur être reconnaissant de s'être ainsi prêtés aux règles démocratiques de la campagne électorale. S'ils n'ont pas été épargnés par les critiques, justes ou non, il convient toutefois de remarquer que pour nombre d'entre eux, leur exposition médiatique s'est souvent transformée en stand de tir de foire, desservie par des journalistes en dessous de tout, lesquels ont de fait engendré une situation fortement préjudiciable à la tenue d'un vrai débat démocratique et donc à l'émergence de ce vivre ensemble plus apaisé dont la nation a pourtant un besoin urgent

Chacun aura pu en effet constater la suffisance, l'arrogance voire le mépris ostentiblement affichés par nombre de journalistes, de commentateurs et d'intervenants "experts". Humainement parlant, il s'agit là d'un manque de tact et de savoir-vivre qui témoigne d'abord d'une carence dans l'éducation et surtout d'une totale absence d'ouverture d'esprit ; sur un plan strictement professionnel, ceci est tout simplement inacceptable dès lors que l'on ose se prétendre objectif et "apolitique". Rarement, le quatrième pouvoir aura été à ce point en deça de sa mission de "service public" lors de cette campagne. Mais comment pourrait-on encore parler d'objectivité, voire d'éthique professionnelle, quand le microcosme médiatique parisien fraie sans vergogne avec le pouvoir, le pouvoir en place et le pouvoir qui se mettrait en place si...?! Il y a désormais une telle collusion d'intérêts entre la sphère journalistique et la sphère politique (dans sa composante bi-partisanne) que ces relations contre-nature s'affichent au grand jour. Comment peut-on encore se prétendre journaliste "indépendant(e)" quand on vit en couple avec telle personnalité du PS ou telle autre de l'UMP ? Le journalisme engagé a toute sa place dans le monde des médias, mais la décence envers le "tout public" voudrait que les convictions personnelles de l'interviewer soient clairement affichées et que par souci d'équilibre, toutes les tendances "journalistiquement orientées" puissent alors s'exprimer à égalité, ce qui n'est pas le cas. 

Allez consulter sur Internet l'intervention de Mme "Huntington Post-France" sur Canal+, et vous vous rendrez compte de l'arrogance et de la supériorité qui transpirent par tous les pores de la peau de Mme DSK. Mais cette ex-star de l'info version politique people n'est que la partie émergée d'un immense iceberg sur lequel s'est fracassé l'intégrité de la profession. Elle ne témoigne que que de la couverture bi-directionnelle de cette campagne menée par les médias français. Il y a une tendance avérée à vouloir instaurer une pensée unique, le bipartisme, et à enfermer le débat dans un schéma dont la vocation est de protéger les uns et de décrédibiliser tous les autres, voire de les descendre en flammes (de l'enfer médiatique bien sûr). Le quatrième pouvoir s'arroge le droit distribuer les bons et les mauvais points, mais il nie toute responsabilité dans le fossé qui se creuse entre les citoyens et ses représentants. Le quatrième pouvoir instrumentalise sa relation privilégiée avec le peuple de façon à formater l'esprit des électeurs dans le sens voulu, mais voulu par qui ? Aujourd'hui, on peut, en effet, légitimement se demander qui sont les maîtres et qui sont les serviteurs. Au temps de l'audiovisuel strictement public, les choses étaient claires : les médias radiotélévisés étaient aux ordres du ministère de l'Information et donc du pouvoir en place. Depuis les années 1980, la confusion est totale, la logique économique et financière des chaînes privées mais aussi publiques étant passée par là, de même que les amitiés "adultérines" du microcosme parisien . Est-ce le "pouvoir UMP" et/ou le "pouvoir PS" qui tiennent les médias, ou bien les médias qui tiennent l'un et l'autre, grâce à leur capacité potentielle à être les nouveaux "faiseurs de rois". Le "troisième homme" de cette élection n'est pas le candidat qui va parvenir à ce hisser sur le podium du 1er tour, mais bien cet univers médiatique qui va rouler sans vergogne aucune pour l'un des deux qualifiés  en fonction de son intérêt à moyen terme.

Une seule certitude susbiste ; le journaliste indépendant, celui qui pose les vraies questions quel que soit son interlocuteur et qui cherche à en obtenir les réponses pertinentes, est une espèce en voie de disparition en France. J'ai vécu de l'intérieur la campagne territoriale 2005 en Polynésie française, j'ai pu constater combien les ciseaux de ces "observateurs-censeurs" étaient habiles à déformer les propos, à tourner un interviewé à son désavantage pour aller dans le sens de leurs propres convictions ou simplement pour faire "un bon mot", à dénaturer son projet de société ou sa vision pour l'avenir. De quel droit ? Si le rapporteur de la parole de l'autre choisit de se faire, selon son propre choix, le porte-voix ou le fossoyeur d'un candidat ou d'un parti, où se situe l'exigence de l'information et le respect de son auditoire ? Même la règle de l'équité des temps de parole est largement détournée quand les questions et commentaires sont manifestement dirigés pour desservir le candidat ; en réalité, on évolue en plein dans le déni de l'esprit démocratique. On est entré dans l'ère de l'escroquerie morale et mentale organisée par ceux-là même qui sont chargés d'n prévenir la société. J'ai parlé des journalistes qui partagent l'intimité des personnalités publiques : je pourrais évoquer tout autant ceux qui ont utilisé leur profession médiatique pour franchir la barrière en passant du côté "obscur de la force". Ce ne sont plus des passerelles entre les deux mondes, c'est le viaduc de Millau. C'est surtout un vrai danger pour le bon fonctionnement à terme de nos institutions démocratiques. 

Cette supercherie médiatique, que confortent les manipulations de sondeurs qui savent pertinemment qu'ils jouent de leur influence sur le potentiel des voix des indécis, fonctionnera encore cette fois-ci, mais cela risque bien d'être le dernière. Avec l'Internet, de plus en plus de personnes commencent à se rendre compte de cette déviance avérée et, avec l'implosion de la chappe de plomb médiatico-politique, il se pourrait qu'en 2017 un vote protestataire contre ce système d'embrigadement des consciences emporte tout sur son passage, ce qui ne serait bon ni pour le pays, ni pour la nation. Il faut donc régler ce problème au plus vite pour redonner au journalisme politique ses lettres de noblesse. N'y a-t-il plus de cours de déontologie dans le cursus journalistique ? Il faut que le souci de l'information "juste et pertinente" prime sur le côté spectacle racolleur. Mais là, pour le coup, il y a vraiment du boulot à abattre et des têtes à faire tomber....           

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité