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Il y a comme un problème...
2 avril 2012

Les jeux du cirque commencent

A trois semaines du premier tour, il n'y a plus rien à attendre de nouveau de cette campagne au niveau des propositions et du débat d'idées. Les promesses, enfin les supposés "programmes" sont désormais sur la table, prêts à être mis sous pli pour leur envoi dans chaque foyer français. Chaque citoyen pourra alors, au calme, se faire son opinion sur les cadeaux, plus ou moins empoisonnés, de la hotte électorale de chacun des dix candidats. Et je ne doute pas que cette littérature achève de convaincre les plus indécis à finalement rester chez eux ou à profiter de leur week-end en ce 22 avril, puisque nous sommes à nouveau en période de vacances scolaires.

A ce propos, j'ouvre une petite parenthèse ( Attention elles sont toujours dites "petites" même quand elles font 30 lignes lol) : je ne suis ni conseiller pédagogique, ni psychologue, mais il me reste un rien de bon sens pour constater que ce rythme scolaire, fait de six semaines de présence et de deux semaines de congé, n'est pas conçu pour donner le goût du travail aux élèves, voire aux enseignants. C'est sûrement bon pour le secteur "loisirs et tourisme" (intérieur de préférence) ou pour le bien-être du "monde de l'éducation", mais je doute que cela soit un bon signal à envoyer aux jeunes qui sont censés se former aussi au rythme du monde du travail (futur). Vous me direz qu'avec les 35 heures / RTT, c'est toute notre société qui est passée de la logique du labeur à l'institution du repos. Ce faisant, les pouvoirs publics et les syndicats ont enclenché une vraie machine à perdre : la perte du goût de l'effort et surtout la perte du goût du travail. A double titre : en premier lieu, quand l'échéance "repos" est sans cesse en visuel sur son agenda, on se projette mentalement bien plus sur la période de non-activité (que vais-je faire ? où vais-je aller ? comment je m'organise ?), ce qui peut nuire à la concentration et reste un facteur certain de démotivation, puisque le moment où l'on peut "vivre et profiter", c'est ailleurs et après, en congé, et pas ici et maintenant, au travail. La "seconde lame" qui coupe le goût du travail, c'est qu'avec un temps effectif au boulot plus réduit, mais avec une charge de travail égale, voire souvent plus importante, ce "travailleur intermittent", le salarié comme l'élève ou son professeur d'ailleurs, est placé dans une situation de stress encore plus extrême, car il lui faut "finir le job" plus vite ou boucler son programme alors que c'est "humainement" impossible. Le temps de repos est devenu chronophage du confort au travail, ce qui conduit le travailleur à attendre "son" congé avec encore plus d'impatience, puisque c'est finalement pour lui la seule occasion de souffler. La boucle est bouclée et le cercle vicieux s'alimente de lui-même : le travailleur est stressé - fatigué, donc cela justifie ce besoin de repos supplémentaire ; sauf qu'il est dans cet état à cause de ces repos supplémentaires ! Vous voyez le problème ? Hé bien pas nos dirigeants apparemment...

En terme de rendement et de productivité, la France n'a rien à envier aux autres pays de l'OCDE, bien au contraire ; en "temps de présence " par contre le travailleur français est à la ramasse. Cela signifie qu'on demande toujours plus et encore mieux à un employé, taillable et corvéable à merci quand il est "dans son temps de travail" : pressions accrues, ambiance moins conviviale : cette France-là remplit les armoires à pharmacie d'anti-dépresseurs quand elle ne remplit pas les cimetières de suicidés du travail. Pour un progrès "social", vous y repasserez !

Mais je m'égare ... revenons donc à la campagne, en gardant à l'esprit que le premier challenge de ces dix candidats et de leurs programmes bien léchés, c'est quand même de convaincre les électeurs de se déplacer, ce qui est loin d'être gagné d'avance.

A court d'arguments et de propositions qui-parlent-au-coeur-ou-au portefeuille, il est donc probable que les candidats en viennent maintenant aux mains, ce qui aura l'avantage de faire de l'audience : la population n'aime rien de plus que les jeux du cirque. Les attaques devraient donc se faire encore plus frontales, en se portant désormais sur la personnalité et sur la capacité des uns et des autres à pouvoir diriger le pays. Jean-Luc Mélenchon n'ignore pas qu'il lui faut taper le "fer mou hollandais" tant qu'il est bien chaud pour conforter sa troisième place en grapillant au PS les "déjà déçus" du Corrézien et à LO ou à NPA ceux de leurs électeurs traditionnels qui veulent que leur vote "contre" pèsent vraiment. François Hollande, quant à lui, profite de son voyage dans l'océan Indien pour peaufiner cette tactique finale face à Sarkozy : fini le bilan, on flingue maintenant le "candidat sortant" in nomine dans sa supposée schizophrénie "bon candidat - mauvais président". D'une certaine manière, il nous avoue là ne pas être un challenger à la hauteur de la "machine" Sarkozy au niveau de la campagne elle-même ;  mais il espère apparaître, en contrepoint, plus crédible en président plus apte à tenir ses engagements. Le doute profitera-t-il à l'inexpérimenté ? Quoi qu'il en soit, Hollande est passé d'ores et déjà en configuration "duel du second tour". Cela n'avait pas réussi à Jospin, mais lui avait un bilan à défendre ... tiens on ne parlait pas des 35 heures tantôt (lol) ?

Les socialistes la sentent bien, cette victoire. Trop bien sans doute, voilà qu'ils commencent déjà à plancher sur les accords législatifs et/ou de gouvernement en se défendant de le faire... officiellement. On dépèce la bête avant même de l'avoir mise à terre... heu je parle pas de Sarkozy là (lol), mais de la République, de ses sièges confortables et des prébendes juteuses qu'elle peut offrir au personnel politique du camp des vainqueurs. Une présidentielle, c'est Koh-Lanta tous les cinq ans : la camp des jaunes a le feu, le riz, le nécessaire de pêche et toutes les récompenses possibles, tandis que le camp des rouges crève de faim en attendant son heure. 

EELV a passé un accord très juteux, au regard du petit score prévisible de sa candidate, laquelle n'a pu trouver sa légitimité, ni sur le nouveau contrat social qu'elle porte à titre personnel, ni au niveau de la défense de l'écologie politique en tant que représentant EELV. Cela est d'autant plus navrant que l'écologie politique, enfin débarrassée de son gauchisme malséant (faisons un rêve !!), pourrait constituer le moteur d'une reprise économique flamboyante, si les moyens et les énergies allaient vraiment dans le sens du progrès ancré dans la logique du développement durable. Eva Joly est "out", politiquement ( et apparemment aussi physiquement pour le moment.. mais que faisait-elle donc au cinéma ?!!)  mais l'accord tient toujours... pour l'instant... sauf que Martine Aubry a pris soin de le signer au détriment des soutiens socialistes locaux du candidat Hollande... Ces derniers pourraient donc faire le forcing dans la dernière ligne droite afin d'être rétablis dans leur droit à se présenter au suffrage universel, compte tenu du faible apport EELV dans le succès élyséen.    

Le Front de gauche surfe apparemment sur une dynamique positive, si l'on en croit les sondages bien sûr. Quel merveilleux changement, quel bond en avant... à rendre jaloux le défunt Grand Timonnier... Revoilà les communistes en passe de former un gouvernement d'alliance avec le PS... François II en digne héritier de François 1er de la Rose. Attention Vladimir (Poutine, pas l'autre), les rouges reviennent, mais c'est à l'ouest que cela se passe. C'est peut-être ça la grande réussite environnementale française pour les cinq ans à venir : le recyclage de l'idéal communiste. Mais trêve de plaisanteries : si 15% il y a au premier tour pour M. Mélenchon, il est évident que des accords au plan législatif vont devoir être passés au profit de candidats PC et de son mouvement. Au détriment de quel(s) courant(s) du PS ? Avec quelles conséquences pour les barons socialistes spoliés et la fragile stabilité du parti ? Si François Hollande l'emporte, toutes les conditions sont réunies pour que ce soit une victoire à la Pyrrhus, pour le candidat du PS bien sûr, prisonnier de ses alliances multiples et contradictoires, pour les électeurs de gauche ensuite, qui seront déçus par l'immobilisme ou l'incohérence d'un tel attelage, mais surtout pour la France qui va rater le coche quand l'Europe va se donner les moyens de rebondir.

Le grand perdant pour le moment, devrais-je dire le grand absent ou la grande déception de cette campagne, c'est François tiers, M. Bayrou, qui n'a  trouvé ni le rythme, ni le ton. C'est bien de faire les bons constats ou de faire les propositions qui sonnent justes, mais c'est inutile si on ne se place pas en position de conquête. La France n'a pas besoin d'un docte professeur, elle a besoin d'un coq de combat. Et jusqu'à présent, on n'en voit pas la moindre plume sur la parure du candidat du Modem... Mais c'est vrai qu'il lui reste trois semaines pour mettre toute la vapeur... Les attaques frontales vont se renforcer... Les jeux du cirque commencent...  

 

 

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