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Il y a comme un problème...
27 mars 2012

Trop, c'est trop : redonnez-nous des repères

Voici quelques jours je rebondissais sur une information selon laquelle une famille allait porter plainte contre la SNCF pour une pseudo-responsabilité dans un triple accident survenu sur ... une autoroute. Ce matin, j'apprends en écoutant la radio que le père de Mohammed Merah compte « engager les meilleurs avocats » pour « porter plainte contre l'Etat » pour la mort de son fils.

Franchement je pensais en avoir fini avec cette affaire dans mes posts, mais là, je me vois forcé de réagir. On marche sur la tête, il n'y a pas d'expression plus juste en l'occurrence ; c'est le monde à l'envers,une aberration de plus dans une société qui montre ainsi combien les choses partent en vrille et combien il est urgent d'y remettre du bon sens et de la logique. Ce n'est plus que certains repères sont faussés, ou qu'ils ne sont pas suffisamment nombreux pour pouvoir tracer son chemin. Non, désormais force est de constater qu'il n'y a simplement plus de repère auquel se fier ; en conséquence de quoi, chacun pose les siens comme bon lui semble, y compris et surtout au détriment de son voisin.

La réaction d'Alain Juppé m'a fait plaisir : on peut avoir en charge la diplomatie d'un pays, il est des fois où on doit s'exprimer avec une grande clarté. C'est sûrement ce qu'a pensé le ministre des Affaires étrangères, toujours bien droit dans ses bottes, en renvoyant M. Merah père à la honte qu'il devrait au contraire éprouver, pour les actes ignobles de son fils, et au « trou de souris » où actuellement il devrait se terrer pour se faire oublier du monde civilisé. Un fils terroriste et meurtrier, c'est un « accident » dans une famille ; un second fils, lui-même activiste et suspecté de complicité active dans les actes de son frère, c'est un début d'organisation malsaine, à caractère familial. Alors s'il faut en venir à dégager des responsabilités... Apparemment ce monsieur, pour autant qu'il ait sa conscience morale et sociale pour lui, n'a jamais cherché à trop savoir où traînait son fils quand il voyageait hors de France... C'est vrai que le Pakistan et l'Afghanistan sont des lieux de villégiature très courus par tout un chacun !! Apparemment M. Merah père ne se posait pas trop de questions non plus pour savoir d'où provenaient les confortables revenus du fils, ceux-là même qui permettait à ce dernier de soutenir un train de vie incompatible avec les seules aides sociales (ou alors j'arrête de bosser pour vivre du RSA, moi!!!).  Qu'il s'agisse de fonds du terrorisme international ou de revenus issus de vols ou de trafics divers et variés, le père vengeur n'était finalement guère ému de savoir que son fils soit à l'évidence un délinquant, et plus vraisemblablement un criminel au sens du code pénal.

Qu'un père pleure son fils, quand bien même il s'agit d'un meurtrier récidiviste de sang-froid, c'est dans l'ordre naturel des choses ; qu'il cherche à jeter l'opprobre sur ceux qui l'ont mis hors d'état de nuire, c'est de l'indignité pure et simple, et au-delà de ça la preuve que notre société a un besoin urgent de repères.

Cela m'a rappelé une histoire que racontait mon père. Dans les années 50, jeune garçon, il était revenu de l'école avec une marque rouge sur la joue ; mon grand-père, un immigré venu en France trouver une terre d'asile, lui demanda ce qu'il s'était passé. Mon père avait honte mais il a quand même fini par avouer que c'était « monsieur l'instituteur », curé qui plus est, qui l'avait giflé parce qu'il s'était montré dissipé. Que croyez-vous qu'il arriva alors ? Le plus naturellement du monde, pour ne pas dire instinctivement, mon grand-père y alla de sa gifle personnelle sur l'autre joue, non pour rétablir l'équilibre (lol), mais pour punir son fils d'avoir contribué, par son comportement, à jeter la honte sur sa famille.

Aujourd'hui,les temps ont changé et le châtiment corporel n'est heureusement plus de mise ; encore que, à titre personnel, je trouve complètement stupide de vouloir mettre sur un même plan d'égalité une tape symbolique sur les fesses d'un gamin faisant un caprice (et dans notre société consumériste, il y a tant d'occasions d'en faire!!!) et une gifle en pleine figure « à vriller la tête » ou l'usage d'une ceinture pour « corriger le gamin insolent ».

Aujourd'hui les temps ont donc changé, mais vous me permettrez de penser qu'au vu des résultats obtenus, ce n'est pas dans le meilleur des sens, car c'est malheureusement le comportement inverse qui se produit trop souvent désormais. Quand ce n'est pas le jeune qui gifle son prof, c'est le père d'un enfant tancé qui se pointe à l'école / au collège pour, au mieux, demander avec virulence des explications et au pire « régler son compte » au professeur. Et là, c'est juste le côté visible de l'iceberg, car bien souvent il n'y a pas passage à l'acte. Tout est plus insidieux et malsain ; c'est tout un discours et/ou un comportement familial latent ou récurrent qui va toujours dans ce même sens, celui de la remise en cause de l'autorité.

En plus du sentiment d'une certaine impunité à s'affranchir des limites sociales, il se forge, dès le plus jeune âge, comme une tradition de non-respect envers tout ce qui incarne l'autorité, y compris voire surtout l'autorité publique. Certes, il y a eu et il y a encore des exemples dans lesquels les dépositaires de cette autorité, sur mineurs notamment,  se permettent d'ignobles libertés avec les règles, quand ils ne bafouent pas les lois qu'ils sont censés respecter, voire faire appliquer. Mais il est question là d'exceptions ou de deviances. Et sous prétexte de ces quelques fautes inexcusables, on foule aux pieds le principe le plus basique de la vie en société, celui justement qui est là pour mettre des repères, pour canaliser les comportements : le respect d'autrui, de sa personne, de ses idées et de ses biens.

A trop avoir voulu enlever les barrières mises en place par les structures éducatives, familiales et scolaires, afin de « laisser la personnalité de l'enfant se révéler et s'épanouir », on a laissé les jeunes esprits, faibles par essence, au milieu d'un champ infini, dans le dénuement de toute règle de conduite, dans l'inconfort mental que procure un milieu sans repère. Et il faut s'étonner que, parvenus à l'âge adulte, ces jeunes destructurés se tournent alors en masse vers des enseignements qui, justement, leur fixent des bornes très précises ou qui les contraignent strictement. Car nous avons perdu de vue une autre évidence : celui qui n'est pas capable de respecter l'autre ne saurait se respecter lui-même. Et la quête du respect de soi retrouvé passe par le suivi de règles strictes.

Le laxisme de l'éducation entraînant perte des repères et absence de respect à l'autorité, notre société se condamne à générer des jeunes destructurés qui sont autant de bombes humaines en attente de l'étincelle qui va les faire exploser. Avec des cellules familiales éclatées, avec le chômage ou l'absence de perspectives, ce sont des pans de la jeunesse, dans les banlieues et ailleurs qui peuvent devenir des proies aisées pour l'embrigadement, depuis les gangs jusque les groupuscules terroristes.

Le monde de l'éducation est toujours un thème porteur dans une campagne électorale... un million d'enseignants et de personnels assimilés, c'est un joli pactole de voix... de même qu'est un pactole de voix l'ensemble des électeurs - parents, voire les futurs parents. L'intérêt pour « la jeunesse » est d'abord un intérêt pour le potentiel de voix que la jeunesse représente. Il conviendrait cependant de porter le débat de façon plus large sans le limiter au monde scolaire, sauf à vouloir perpétuer ce cycle de l'échec et de la non-intégration, la gangrène de la France d'aujourd'hui.

Quand je vous dis qu'il y a comme un problème ... en France.

 

 

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