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Il y a comme un problème...
22 mars 2012

Terrorisme et banlieue, et pourtant la solution existe

Saura-t-on jamais le fin mot de cette affaire "Toulouse-Montauban" qui aura tenu la France en haleine pendant quinze jours, fait vendre de l'audience pour la presse écrite et radio-télévisée, et mis en suspens la campagne électorale pour mieux la faire rebondir sur des sujets très éloignés des questions centrales de l'économie et de la finance ? Il est fort à parier qu'en ces temps très politisés, la désinformation, aidée en cela par l'exigence du scoop, le dispute à l'information officielle, et qu'au final la vérité ait beaucoup de peine à émerger.

En rajouter pour participer aux polémiques naissantes ne me paraît ni correct, ni souhaitable. Avec le recul suffisant, il sera temps de tirer toutes les leçons de ce qui reste avant tout, faut-il le rappeler, une tragédie pour les familles touchées dans leurs chairs.

Pour autant, il ne me semble pas inutile d'évoquer un point qui, en tant que simple observateur, ne manque pas de m'interroger. Comment l'administration, dans son acception la plus large, peut-elle ne pas s'interroger sur un individu qui, sans ressource financière autre qu'une aide publique (RSA en l'occurrence), peut, selon les informations diffusées par divers médias, être propriétaire de deux véhicules et apparemment locataire de plusieurs appartements ?

Voici quelques années, Nicolas Sarkozy, en tant que ministre de l'Intérieur ou président de la République (ma mémoire fait défaut), a décidé la mise en place d'unités spécialisées pour lutter contre cette délinquance-criminalité, dite des banlieues, qui roule en voitures haut de gamme sans pouvoir justifier d'aucun revenu officiel. Apparemment, c'est un film sur Al Capone qui avait dû l'inspirer pour le coup puisque, faut-il le rappeler, le célèbre gangster de Chicago est tombé uniquement pour... fraude fiscale.

L'idée de joindre les efforts des forces de police et des fonctionnaires de la douane et du Trésor notamment était excellente. Qu'en est-il de la réalité sur le terrain ? Qu'en est-il des moyens octroyés à ces unités, apparemment armées pour frapper là où ça fait vraiment mal, au portefeuille ? Car à quoi sert d'amasser de l'argent (sale) si vous n'avez pas le moyen de l'utiliser pour le quotidien (et le superflu) ? Quels sont les résultats qui ont été obtenus par cette "Task force" ?

Sans vouloir préjuger des réponses qui me seraient apportées ici même par des gens bien informés, je suppose que l'effet d'annonce a été de beaucoup supérieur à l'effort budgétaire et organisationnel consenti pour faire de ces forces en coopération de vraies unités solidaires spécialisées travaillant à démanteler l'économie souterraine des quartiers dits sensibles.

Il paraît que la République est forte. Il me paraît au contraire que tous les signes sont donnés à cette criminalité organisée, qui gère ses différents trafics au vu et su de tout le monde, pour lui prouver le contraire. Pense-ton vraiment acheter la paix des banlieues en baissant ainsi pavillon ? Peut-on blâmer les préfets de ne pas vouloir "envenimer" les choses et ainsi braquer les feux des projecteurs sur leur département ? Eux aussi ont des plans de carrière : pourquoi seraient-ils les seuls à devoir se sacrifier (mutation, mise à pied..)? 

C'est pourtant cette économie parallèle qui pourrit au quotidien la vie des habitants des banlieues en même temps qu'elle autorise des apprentis terroristes à se fournir en armes de tous calibres. Ces zones de non-droit sont des pièges potentiels pour ces fonctionnaires en charge d'assurer la continuité du service public et ce n'est pas une intervention très musclée de forces de l'ordre mobilisées sur un jour ou une semaine, pour éteindre un "incendie social" ou faire la promotion médiatique du pouvoir qui y change quoi que ce soit.

Créer de nouvelles lois ou de nouveaux crimes dans le code pénal, c'est bien. Encore que la sanction par anticipation en tant que principe de "précaution" anti-terroriste, tel qu'il vient d'être défini dans l'émotion du moment, peut-elle s'appliquer en droit ? Il y aura sûrement débat chez les juristes sur ce point. Mais surtout comment ces futures dispositions pourront-elles se traduire en pratique dans les faits ?

Donner des moyens à des concepts de lutte contre la fraude fiscale, lesquels ne peuvent que donner rapidement satisfaction, serait encore mieux : tous les délinquants-criminels des banlieues ne sont pas des terroristes, mais tous les terroristes "nationaux" ont nécessairement partie liée avec les dits criminels. Traquer les premiers permettrait d'affaiblir les seconds.

Les signes extérieurs de "richesse" ne doivent pas seulement servir à redresser les particuliers qui biaisent sur leurs déclarations d'impôt, ils doivent permettre d'identifier et de faire tomber ceux qui mettent leurs quartiers en coupe réglée et constituent un "modèle" de réussite pour les plus jeunes.

Il faudra sans doute que tous les services publics concernés acceptent travailler ensemble main dans la main pour l'intérêt général, en oubliant rivalités et défense de prérogatives dépassées. Il faudra aussi que le pouvoir politique, au plan local et national, soutienne ces actions curatives autant que préventives. Cela nécessite du courage, cela demande de la volonté, cela exige de la persévérance. La République est-elle prête pour ce combat au quotidien?

Aux candidats à la présidentielle de nous le dire. Sinon, c'est assuré d'avance, la France aura bientôt à affronter de vrais problèmes dont nous venons d'avoir qu'un petit aperçu....    

   

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