Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
18 mars 2012

"Hollande 2012", et si c'était la fin du PS ?

A quelques jours du début de la campagne officielle, Nicolas Sarkozy a manifestement appuyé sur l'accélérateur : avec une omniprésence plutôt bien maîtrisée dans les médias radio-télévisés, avec des meetings de puncheur, le candidat semble désormais bien installé pour le combat des deux tours. A l'inverse, François Hollande donne l'impression d'être acculé, sur la défensive, ce qui ne correspond pas du tout à la posture d'un candidat de la "force tranquille" qui surferait sur une dynamique positive de conquête du pouvoir : évoquer régulièrement le syndrome du "21 avril" pour mobiliser derrière lui risque même de générer un mouvement inverse, puisque cela souligne la faiblesse intrinsèque de sa candidature.

Si rien n'est encore joué (et peu s'en faut), on peut néanmoins penser que son score dans les sondages va encore se tasser. M. Hollande devrait être en effet plus impacté que M. Sarkozy par la montée en puissance médiatique des autres candidats.

Certes, à droite, Marine Le Pen peut profiter du partage équitable des temps de parole pour capter une partie de l'électorat du président sortant, mais son discours a aussi un certain écho dans les banlieues populaires et ouvrières qui sont traditionnellement des bastions de gauche ; cette année, le Front national veut être perçu comme "social" autant que "national". Certes, M. Dupond Aignan peut grapiller des voix à la marge en puisant dans l'ex-vivier de M. de Villiers, mais l'écueil du flamboyant Villepin étant levé, Sarkozy se retrouve au final relativement à l'aise sur sa base électorale classique de premier tour, autour d'un bloc UMP reformé pour la circonstance, notamment avec les ralliements Borloo et Morin.

Pour François Hollande en revanche, les choses sont bien plus compliquées : son réservoir de voix peut fuir sur sa gauche extrême, principalement en raison du travail de sape de cet excellent tribun qu'est Jean-Luc Mélenchon, et plus symboliquement avec les candidats Lutte ouvrière et NPA qui vont pouvoir enfin exister. Qu'il se montre trop "gauchiste" pour éviter l'hémorragie "Mélenchon", et il perdra une partie de son électorat social-démocrate qui pourrait alors être tenté par l'option Bayrou ; qu'il reste dans un périlleux tango en donnant des gages contradictoires à chacun, et il perdra ceux qui auront compris qu'il n'y aura aucun changement à venir, qu'une suite de petits arrangements entre "amis". Dans cette hypothèse, nombreux sont les électeurs "anti-Sarko" qui seront sensibles aux tendances haussières / baissières des derniers sondages d'avant premier tour. Car dans le secret de l'isoloir, il leur faudra miser sur celui qui aura le plus de chance de "virer Sarko" au second tour. Que M. Hollande semble entrer dans une spirale descendante, et la situation pourrait bien profter à l'autre François, l'homme du Béarn, pour le coup, la "vraie force tranquille" de cette élection. Avec ses constats clairs, voire claivoyants, M. Bayrou aurait, au second tour, une vraie capacité à puiser à "la gauche de la droite" comme à "la droite de la gauche", et cela sans rien changer de son discours actuel... François Bayrou est le seul à apporter de la cohérence et de la constance dans sa démarche présidentielle. Avec un temps de parole plus égalitaire, il pourrait vite changer de stature. Et si le successeur de Mitterrand s'appelait Bayrou ? Pour lui aussi, la troisième "présentation devant le peuple" pourrait être la bonne. En ces temps de crise où de nombreux pays ont formé des alliances de gouvernement par delà le clivage droite-gauche, "l'autre François" peut être perçu comme l'homme de la situation, d'autant plus que ses faiblesses, réelles (appareil partisan défaillant, électorat centriste peu mobilisable dans les grand-messes...) peuvent paradoxalement devenir une vraie force. Devenu président en dehors de tout compromis et de compromission, il pourrait librement choisir parmi les personnalités hors de son Modem déserté (voire désertique), issues de la droite comme de la gauche, celles qui sont les plus en capacité d'assumer avec compétence des charges ministérielles. M. Bayrou a payé cher pour prendre une stature d'homme politique "libre" et ses propositions pour réformer le fonctionnement de l'Etat prouvent que le discours rejoint la posture . En rassembleur du peuple français, M. Hollande n'est pas crédible, il a déjà tant de mal à paraître le rassembleur de son propre parti !! En fait, seul Bayrou peut apparaître comme le "réconciliateur". Et franchement, ce ne serait pas plus mal, car l'option Bayrou ferait exploser ce parti socialiste dont les leaders de courant adoptent des positions par trop antagonistes pour pouvoir gérer ensemble un pays en toute sérennité et avec une efficace cohérence..

Cela fait près de 20 ans que le PS se meurt de l'absence d'un chef respecté et de la permanence d'une guerre intestine. Si la candidature Hollande 2012 pouvait l'achever, notre fonctionnement démocratique y gagnerait en crédibilité, avec l'émergence d'un vrai parti social-démocrate. Affaire à suivre...

  

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité