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Il y a comme un problème...
4 mars 2012

Réfomer le scrutin présidentiel

Amis lecteurs,

Le temps n'est-il pas venu de réformer le scrutin présidentiel ?

A l'origine, la constitution de 1958 ne prévoyait pas l'usage du suffrage universel direct pour l'élection du président de la République. C'est la réforme de 1962 qui l'institua, ce qui provoqua l'ire d'un -pourtant- futur (quadruple) candidat à ce suffrage, farouche défenseur du parlementarisme et par ailleurs auteur d'un ouvrage assassin, "Le coup d'Etat permanent", François Mitterrand. Il faut dire que ce choix était essentiellement dicté par le souci du président d'alors de libérer le pays des combinaisons politiciennes stériles de la IVème République. Depuis 1965, l'élection présidentielle constitue donc le rendez-vous majeur de notre démocratie politique, ce "rendez-vous d'un destin personnel avec la nation" ; et c'est tout naturellement qu'elle focalise toutes les ambitions, toutes les stratégies.

Ce que MM. De Gaulle et Debré n'avaient pas anticipé, c'est que ce scrutin minerait à terme le multi-partisme, un système qui est à la fois garant d'une représentation réellement démocratique dans l'esprit et une assurance pour la tenue de vrais débats politiques et citoyens au Parlement et dans la société. Or aujourd'hui, force est de constater que ce rendez-vous est largement biaisé, pour ne pas dire dénaturé de sa substance originelle.

L'élection présidentielle est un scrutin uninominal à deux tours. Dans la lettre comme dans l'esprit, cela signifie que le premier tour doit exprimer la plus grande diversité de choix politiques, de manière à ce que les citoyens soient en mesure de dire dans les urnes le type de société vers laquelle ils veulent tendre. Et cela induit que le second les amènent à se prononcer sur une alliance de gouvernement, les quinze jours de l'entre-deux tours devant sceller les accords entre les partis en fonction de la volonté exprimée par les citoyens.

Or depuis "le choc de 2002", les français et le bon fonctionnement de notre démocratie se retrouvent privés de ce premier tour, pourtant fondamental. Car les grands pontes de la communication sont passés par là, car les grand médias (pouvoir supplétif plus que 4ème pouvoir) sont passés par là : le bipartisme répond en effet moins à une logique politique - puisqu'elle a pour effet immédiat de raboter les ambitions personnelles de nombre de ténors, à droite comme à gauche - qu'à une posture de type commercial, où l'effet recherché est la monopolisation de l'espace politico-médiatique à son profit. De fait, il y a collusion d'intérêts entre magazines, journaux et supports radio-télévisés d'un côté, et les communiquants des deux représentants du bipartisme pour occuper le devant de la scène au détriment des autres acteurs du jeu politique, au détriment des autres prétendants à ce rendez-vous avec le peuple, à charge pour les équipes de MM. Sarkozy et Hollande de faire le buzz au quotidien. Peu importe les personnalités ou le réalisme des programmes de celles et ceux qui, depuis des mois, sillonnent la France pour porter leur message et/ou recueillir les signatures indispensables à leur candidature, n'est-il pas anormal de constater qu'ils sont aujourd'hui quasiment invisibles dans cette campagne, où sondeurs et médias focalisent essentiellement sur le duel du second tour ? De quel droit les rédactions s'arrogent-elles le droit de se poser en censeur-de-fait du débat public en occultant celles et ceux qui portent des idées ou des convictions différentes. MM. Dupont-Aignan, Bayrou, Villepin, Poutou et dans une moindre mesure Mélenchon (car lui "passe bien à la radio et à la télé"), et Mmes Joly, Lepage et j'en oublie (vu leur transparence absolue dans les médias, difficile de s'en rappeler les noms !!) ne s'expriment-ils pas au moins autant que MM. Sarkozy et Hollande ?! Sauf que pour savoir ce qu'ils disent, c'est une toute autre histoire.

Connectez-vous sur les chaînes d'information en continu : les bandeaux défilants sont trustés par les communications Hollande et Sarkozy. C'est du brain-storming à l'échelle d'une nation, ce qui ramène le débat à un duel de puncheurs sur un ring, avec des promesse électoralistes stupides, avec des sur-enchères débiles.

Dans ce constat navrant pour le bon fonctionnement de notre système démocratique, à l'heure de ce scrutin majeur, il nous faut aussi constater le traitement "spécial" appliqué (ou infligé) à Mme Le Pen, pour laquelle les journalistes, habituels faire-valoir de leurs invités politiques, s'érigent en procureurs afin de brouiller et de discréditer ses brefs passages à l'antenne. Personnellement, je suis partisan de l'interview incisive, qui place le candidat à la mandature suprême en face de ses contradictions et l'oblige à répondre aux questions pertinentes qui lui sont posées ; aussi je ne peux que regretter que le traitement visant Mme Le Pen ne soit pas uniformément appliqué à tous les autres acteurs politiques.

Alors, puisque le premier tour ne permet plus à la diversité des idées et opinions de s'exprimer par la voix d'un porteur de projet, puisque le jeu médiatique encourage et conforte les situations de monopole, à droite comme à gauche, puisque le traitement de la politique est devenu un show utilisé principalement pour vendre des espaces publicitaires, ne faut-il pas repenser en profondeur ce rendez-vous afin de recréer le lien entre l'élu "suprême" et le peuple ? Puisque le bipartisme - pourtant si éloigné de l'esprit frondeur et contestaire du français - est érigé en système incontournable, ne vaut-il pas mieux promouvoir l'idée de primaires rassemblant le "peuple de gauche" d'un côté, le "peuple de droite" de l'autre et se contenter ainsi d'un tour unique opposant les champions que chaque "peuple" se sera choisi au préalable ? Ainsi la campagne au scrutin présidentiel proprement dit serait-elle courte et déboucherait-elle sur la mise en place d'une équipe gouvernementale cohérente et apte à mettre en oeuvre son programme.    

 Voilà un sujet qui mériterait un débat.      

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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