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Il y a comme un problème...
13 décembre 2011

L'imposture du sommet de Durban

Sur un continent célèbre pour ses éléphants, le sommet de Durban n'aura finalement accouché que d'une souris. Ceux qui en attendaient plus, et je pense notamment à ces populations îliennes en grand danger écologique dans les zones Pacifique et Indien, en seront pour leurs illusions. Mais il est vrai que ces grand-messes internationales sont rarement satisfaisantes quant à leurs résultats, tant les attentes populaires sont immenses, les enjeux sociaux et environnementaux complexes et les intérêts économiques nationaux/régionaux largement contradictoires.

Durban, c'est donc une étape supplémentaire dans la politique de piétinement que mènent les grands de ce monde face à
une question d'intérêt humanitaire et planétaire. Les plus optimistes diront qu'un petit pas vaut toujours mieux qu'un bond en arrière, l'esprit et la dynamique de Kyoto ayant été, pour l'essentiel, sauvegardés. Les plus pessimistes diront qu'à force de
reporter au lendemain l'élaboration de solutions réglementaires plus contraignantes, on continue de privilégier cette même logique qui a conduit aux crises financières de 2008 et 2011, ce luxe indécent d'une certaine humanité de vivre au dessus de ses moyens sans penser aux conséquences pour les générations futures. Et ceux-là auront raison car le sujet du réchauffement climatique ne saurait en rien être comparable aux vicissitudes d'une économie mondialisée faite de krachs boursiers et
de spéculations, puisqu'il est, ni plus ni moins, question ici de la préservation à terme d'une espèce, celle du genre humain.

A Durban, pendant de longues semaines, on a, une fois encore, fait mine d'oublier que le facteur temps ne nous appartient pas et que les échéances imposées par la nature se sont pas négociables. Or nous savons d'ores et déjà que la mise en oeuvre généralisée de solutions concrètes pour lutter contre les effets du réchauffement ne produira ses effets que de façon différée.
Cette posture quasi unanime des participants non associatifs de Durban démontre bien que les leaders du monde, représentants politiques certes, mais aussi lobbies économiques et financiers, sont définitivement englués dans des
considérations dignes de Clochemerle au moment même où l'humanité aurait tant besoin de visionnaires réalistes et
pragmatiques.

La ministre française de l'Environnement, Mme Kosciusko-Morizet, dont on ne peut douter de son inclination personnelle à la cause environnementale, a reconnu que « l'on n'a pas aujourd'hui sauvé la planète ». Cette déclaration est symptomatique de l'erreur communément faite d'assimiler la "planète bleue" et le genre humain, ce qui brouille la lecture que peuvent avoir les citoyens du monde du véritable enjeu de ce type de sommet international. En réalité, il serait plus juste de dire que Durban « n'a pas sauvé l'humanité », ce qui est fondamentalement très différent.

De fait, le débat autour du « réchauffement climatique » - qui déclenche aussi un Clochemerle parfaitement stérile dans la communauté scientifique, soit dit en passant  - ne concerne en rien le devenir de cette Terre qui nous accueille depuis quelques milliers d'années seulement (ce qui est une période ridiculement petite à l'échelle géologique), mais uniquement celui des Hommes (et certains autres grands mammifères) qui y séjournent temporairement. Lier le destin de l'Homme à celui de la Terre est une véritable hérésie au plan philosophique et scientifique. La Terre, pareillement considérée en tant que biotope et biosphère, survivra quoi qu'il en soit, à une hausse comme à une baisse, même très conséquente, des températures à la surface du globe. Elle l'a déjà fait au cours des 5 milliards d'années depuis sa création et elle le fera encore pour encore un temps équivalent, selon toute vraisemblance. Il faut avoir toute l'immodestie et l'égotisme hyper-développé des Hommes pour assimiler le devenir d'une planète avec celui d'une composante infime de sa biomasse. Toute proportion gardée, notre rapport au débat actuel est faussé de la même façon qu'était erronée la perception astronomique des Anciens selon laquelle le Soleil et l'ensemble des étoiles composant la galaxie tournaient autour de la Terre. Coment peut-on réfléchir sérieusement et sereinement à une question essentielle si l'on se refuse le droit de poser le problème en termes clairs et selon la perspective qui est le plus juste ?
La véritable question que posent les sommets comme ceux de Rio, de Kyoto et de Durban, peut et doit, en réalité, se résumer à savoir comment l'humanité va pouvoir s'arranger des conséquences engendrées par les modifications climatiques et environnementales qu'elle a contribué à engendrer ou à accélérer par ses activités depuis ces deux derniers siècles.

La question aujourd'hui n'est pas de savoir si la température moyenne sur le globe va augmenter ou décroître - et dans quelle proportion ; la question est de savoir quand cette évolution va intervenir et comment s'y préparer au mieux en l'anticipant.La question aujourd'hui n'est pas de savoir si le changement apparent constaté, sinon anticipé, est dû en totalité ou en partie seulement au développement des activités anthropiques récentes ; la question est de savoir comment faire en sorte que l'impact de l'humanité sur son biotope (la Terre) puisse être minimisé de telle manière que l'humanité puisse continuer à se développer en fonction de la ressource naturelle encore disponible (eau potable, matières premières...) et en accord avec celle-ci, l'objectif étant d'atteindre rapidement un nouvel état d'équilibre compatible avec la survie du plus grand nombre des entités naturelles composant la biosphère actuelle. 

Ces questions posent très clairement l'enjeu auquel l'humanité doit faire face, à savoir ré-organiser son mode de fonctionnement et son potentiel de développement, répartir plus équitablement les ressources naturelles dont elle peut disposer et s'inscrire dans une démarche raisonnée de développement, axée sur les notions aujourd'hui en vogue de "développement durable", de "génie écologique" et de respect de la biodiversité. 

S'il s'agit seulement, à Durban comme ailleurs, de s'interroger sur le "comment réparer ce qui est cassé" (posture hautement présomptueuse des Dr Folamour), ou sur le "qui est le plus responsable" et en conséquence sur le "qui doit payer la facture", les discussion continueront de s'enliser et l'humanité ne saura s'adapter à ce qui constitue sans doute l'une des réponses du biotope à notre présence aussi hégémonique qu'invasive.  

 

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