Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
3 décembre 2011

De la question des OGM

Un récent sondage fait état de l'inquiétude d'une grande majorité de français face à la question des OGM. J'apporte donc ma petite pierre au débat général "pro vs anti-OGM", en espérant que cela sera utile à votre propre réflexion.

D'abord il convient de circonscrire le sujet et pour se faire quoi de mieux qu'une définition ?  On appelle OGM, ou Organisme Génétiquement Modifié, "un organisme vivant (plante, animal, bactérie) dont le patrimoine génétique a subi des modifications
non naturelles
par l'ajout d'un ou plusieurs gènes lui conférant une caractéristique nouvelle" (résistance aux insectes, tolérance aux herbicides..). Avec cette définition, on comprend mieux à la fois combien cette technique se différencie des pratiques agricoles traditionnelles, basées sur une sélection de souches et des croisements pragmatiques . On comprend mieux aussi   pourquoi tout débat sur les OGM est censé répondre à ces deux questions fondamentales : l
'utilisation des OGM fait-elle peser un risque sanitaire sur les populations ? Et comment la pratique des cultures OGM impacte-t-elle l'environnement ?

Le risque sanitaire : l'utilisation des OGM étant relativement récente et encore limitée à certaines cultures spécifiques, nous manquons nécessairement d'études scientifiques sérieuses (pour ne pas dire "indépendantes" si tant est que cela existe) menées à moyen et long terme pour voir les éventuelles relations de cause à effets sur les consommateurs (ou plus généralement sur les chaînes alimentaires). En matière d'alimentation, un impact sur le métabolisme (notamment humain) se mesure à une échelle de temps de 10, 20 ou 30 ans. Aussi, la seule réponse satisfaisante, parce que de simple bon sens, serait de considérer que l'impact sanitaire des OGM sera au moins du même ordre que l'impact de toutes ces molécules chimiques d'origine anthropique entrant dans le cocktail "solide-liquide-gazeux" qui compose notre vie quotidienne depuis des décennies. A ce propos, il est confondant de constater que les études généralement faites pour juger de la possible nocivité d'un nouveau produit, d'une nouvelle combinaison moléculaire ou d'une technique innovante ne prennent généralement pas en compte les effets nocifs / toxiques de combinaisons-accumulations que peuvent avoir les molécules entre elles ; or il s'agit d'un élément crucial du point de vue du principe de précaution sanitaire que de pouvoir appréhender et prévoir les réactions "cocktails" des mécanismes métaboliques d'assimilation-adaptation-dégradationpuisque notre corps est d'abord une usine chimique complexe.

L'impact sur l'environnement : là encore il suffit de faire preuve d'un peu d'esprit logique pour démêler les argumentaires des pro et anti-OGM sur ce sujet. Car on trouvera autant « d'experts certifiés » dans les deux camps. Ce qui est irréfutable,
c'est que toute activité humaine, et quand bien même elle s'inscrit dans un cycle naturel originel (ce qui n'est pas la
cas avec les OGM), impacte le milieu dans lequel elle s'opère. Il n'y a donc aucune raison objective pour que la culture via OGM constitue une exception à cette loi fondamentale. Pour expliquer les choses simplement, il suffit juste d'accepter le fait que nous ne maîtrisons absolument pas le fonctionnement des différents écosystèmes qui s'inter-pénètrent les uns les autres et que, par voie de conséquence, l'utilisation d'une semence OGM peut et va, d'une manière ou d'une autre, communiquer son changement de code génétique à son milieu, et ce faisant à une autre espèce pour laquelle cette adaptation n'a été ni souhaitée, ni anticipée. Hors d'une atmosphère confinée de laboratoire, la faune bien sûr (insectes, oiseaux...) mais aussi ce milieu saprophyte qu'on ne connaît pas bien (bactéries, champignons, rhizome...), ou encore le vent, la pluie... peuvent véhiculer ces modifications et permettre leur mobilisation, sous une forme ou une autre, par un organisme tiers. La culture en plein champ de semences OGM impacte indubitablement son milieu récepteur et environnant et vient donc modifier les interactions naturelles qui s'y opéraient. La modification du code génétique d'une céréale X pour optimiser sa résistance à
un herbicide Y produira comme effet qu'une plante Z  développera tout ou partie de cette même résistance, sans que l'on
sache a priori quelle sera cette plante Z et comment son ADN va pouvoir réagir à cette modification et interférer à une autre espèce. 

En manipulant les codes génétiques de certaines espèces, nous, l'espèce humaine, jouons à l'apprenti sorcier avec Dame Nature. Il faut rappeler que le concept d'eugénisme, cette sélection « naturelle imposée » à une espèce (l'homme en particulier pour générer des "surhommes") n'est pas sorti du cerveau malade d'un dictateur illuminé version Nazi, mais de « savants » portés, encouragés, financés par une certaine bourgeoisie /courant de pensée élitiste. Aujourd'hui, ce sont les laboratoires et le diktat du « toujours-plus d'innovations pour plus de progrès» qui imposent une marche en avant incontrôlée. Comment se fait-il qu'on utilise aujourd'hui à grande échelle des nanotechnologies à peine sorties des laboratoires et dont on ne comprend toujours pas exactement le fonctionnement et donc l'impact ? Par définition, un scientifique est un esprit curieux motivé par le challenge de comprendre les mécanismes naturels et d'en déduire des applications qui soient conformes à ses attentes. Dans l'absolu, la compréhension d'un mécanisme naturel complexe ne peut qu'être parcellaire ou imparfaite ; pour autant, cela met le scientifique en position de reproduire celui-ci, voire dans le cas précis de la génétique, de ré-arranger les séquences à sa convenance. Le scientifique est donc celui qui, dans notre société très organisée, a en charge de proposer des solutions innovantes pour résoudre un problème donné. La question qui se pose alors à ladite société est simple : est-ce parce que je suis en état de faire quelque chose que nécessairement je doive le faire ? A chaque solution technique proposée ou esquissée, il est de la responsabilité du législateur d'en prévoir toutes les conséquences (à court et long termes), et donc d'en limiter l'impact ou le risque potentiel. En bref, une "autorité morale" supérieure doit pouvoir dire les conditions d'utilisation ou non de cette solution par la loi et par le droit parce qu'au-delà des intérêts particuliers ou conjoncturels, de tels choix engagent l'avenir de la collectivité. Nous avons aujourd'hui les moyens techniques et médicaux pour faire en sorte qu'une femme ménopausée
de 65 ans puisse enfanter : notre société doit-elle accepter cela, sachant que cette « mère du 3ème âge » ne sera pas en mesure, d'un point de vue physiologique, psychologique ou mental d'élever son enfant au mieux de l'intérêt de ce dernier ? Nous avons la capacité de rendre viables des foetus de 25 semaines qui hier encore seraient morts à la naissance : faut-il
s'acharner à sauver le foetus à naître sans connaître les conséquences à long terme de cette pratique médicale, au plan physiologique et psychique pour l'individu, au plan sociétal pour la collectivité ?

Avec les OGM, la question est donc de savoir si la société doit non seulement accepter, mais aussi assumer le risque que « ce
progrès technique » vienne perturber encore un peu plus, et encore plus vicieusement que l'ajout de produits chimiques ou la sélection-création d'espèces, le fonctionnement originel de la Nature.

En l'état de nos connaissances, tant du comportement mercantile des industries et professionnels des secteurs concernés que
des récentes « découvertes » démontrant la capacité des bactéries à s'adapter par exemple aux antibiotiques (rendant aujourd'hui certains traitements inefficaces), je dirai clairement que la culture en plein champ des semences OGM fait courir un vrai risque sanitaire plus ou moins différé sur les environnements concernés et sur l'ensemble des chaînes alimentaires concernées. Et de ce point de vue, il y a vraiment comme un problème...

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité