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Il y a comme un problème...
12 novembre 2011

A propos de plagiat

Une nouvelle affaire de plagiat bruisse dans le « Landernau people-litique ». Cette fois-ce, c'est Rama Yade qui fait le buzz sur le Net. L'ex-secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme et ex-ministre des Sports, l'ex-première fan de Nicolas Sarkozy et désormais fidèle lieutenant du déjà ex-candidat centriste à la présidentielle 2012 J-L Borloo, a été épinglée pour s'être
largement inspirée d'un auteur de blog dans son dernier opus sur l'Education. En lui-même, ce cas ne mérite pas vraiment que l'on s'y attarde, compte tenu des sujets beaucoup plus préoccupants qui animent l'actualité du moment. Mais il intervient après une longue série de faits similaires qui ont éclaboussé des journalistes/chroniqueurs médiatiques, des responsables politiques de premier plan et jusqu'à des universitaires exerçant de hautes responsabilités. Pour autant, il ne faudrait pas en déduire
que le phénomène est typiquement français, car les scandales fleurissent aussi à l'étranger : on se rappellera notamment cette affaire de thèse plagiée qui a conduit un ministre allemand de la Défense à la démission l'an dernier.

Force est de constater que le fait de copier sur son voisin est à la fois intemporel et universel. Partout dans le monde et à
toutes les époques, les entreprises, les professionnels de la création, les artistes, les étudiants et leurs professeurs, tout le monde a cherché et cherche encore l'inspiration dans les travaux d'autrui. C'est d'autant plus vrai dans le domaine des sciences où ce phénomène prend une autre résonnance car la plus value peut être réelle, chaque avancée étant la résultante d'un « long processus d'accumulation et de création ». Ainsi Newton définissait-il le « découvreur », l'inventeur jugé génial par ses contemporains , comme « un nain juché sur les épaules de géants » , une position qui lui permet de voir plus loin que ses prédécesseurs et ainsi passer pour un visionnaire.

Dans ces conditions, où s'arrête l'inspiration et où commence l'emprunt plagiaire ? En quoi le simple copier-coller est-il plus condamnable moralement que l'art plus subtil de la paraphrase et de l'emploi de synonymes ? A quel point le fait de citer des oeuvres et leurs auteurs en annexe de son travail est-il suffisant au plagiaire pour parer aux attaques éventuelles ? Le débat
plagié-plagiaire n'est pas prêt de se refermer, et encore moins à notre époque où les outils modernes de communication permettent de comparer toutes sortes de documents à la vitesse de la lecture électronique et ainsi de rendre compte plus rapidement et plus complètement des similitudes entre deux oeuvres censées être originales.

Il n'a pas plus de plagiats aujourd'hui qu'hier : on dispose simplement de moyens techniques performants permettant de les détecter ; cette activité est même devenu un jeu pour nombre d'internautes. Car enfin, combien de personnes lisent réellement, et avec toute l'attention nécessaire, les publications de thèse ou les ouvrages, souvent "politiques", au tirage confidentiel qui sont surtout des passages obligés essentiellement destinés à enrichir un profil politique ou un curriculum ? Combien de personnes, hormis leurs auteurs et pour autant qu'ils aient connaissance de l'oeuvre plagiaire, sont vraiment capables de mémoire de repérer les reprises d'un texte non attribuées à leur auteur originel ?

On peut aussi se poser la question de savoir s'il n'est finalement pas plus condamnable de recourir à un « nègre » (comme on dit dans le monde de l'édition)  que de s'inspirer un peu trop maladroitement ( ou avec une fougue trop naïve) d'auteurs dont on a lu sinon les oeuvres, au moins les "meilleures" pages grâce à un moteur de recherche.

En guise de conclusion à ce papier non plagiaire (cela va de soi !!), je reviendrai à une lecture plus politicienne. Ce n'est pas sans une certaine ironie que je voudrais dire mon admiration, certes teintée de stupéfaction, à voir des ministres aux agendas surchargés, des  parlementaires aux multiples casquettes locales ou des conseillers politiques gravitant dans les plus hautes sphères produire avec une régularité de métronome des essais ou des romans en dépit des nombreux à-côtés de leurs charges (activités de représentation multiples, voyages incessants, meetings..). Sans doute entendent-ils ainsi nous  apporter la preuve de leurs exceptionnelles qualités qui les font se distinguer du vulgum pecus (intelligence hors normes,  travailleurs acharnés et métabolisme exceptionnel leur permettant d'être parfaitement opérationnels en dormant trois heures par nuit) ? Le plagiat les rend de fait plus accessibles, comme plus humains, car leurs journées à eux aussi ne font que 24 heures et qu'ils ont finalement besoin d'une aide (involontaire ou non consentie) pour parfaire leur image.

 

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