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31 octobre 2011

Une saga polynésienne chapitre 2

La descente aux Enfers  : 2005/06 Les années de l'implosion

Les recours devant les tribunaux ayant abouti à l'annulation du scrutin dans la circonscription des Iles-du-Vent, l'année 2005 commence donc avec l'organisation d'un scrutin partiel particulièrement tendu, avec une dizaine de partis qui se disputent le suffrage des électeurs de Tahiti et de Moorea. La campagne donne lieu à de multiples affrontements verbaux particulièrement virulents ; la tension, alimentée par des discours racistes, atteint son point culminant la veille du scrutin, avec l'organisation d'un dernier tour de l'île avec des automobiles pavoisées aux couleurs de la coalition menée par le parti indépendantiste, ceci en violation de la loi électorale qui interdit toute manifestation partisanne pendant les 24 heures précédant le scrutin. La même loi électorale sera une nouvelle fois bafouée le jour du vote, puisque un convoi de voitures arborant la bannière de M. Temaru va ostensiblementt de bureaux de vote en bureaux de vote. Entorses sans conséquence puisque ce scrutin ne sera pas invalidé, non par respect du droit, mais pour calmer le jeu politique après dix mois tensions exacrebées entre les différentes communautés du pays.

Le résultat donne un léger avantage à l'UPLD  (Union Pour La Démocratie) qui empoche donc la très contreversée prime majoritaire. Pour autant, à l'issue de ce scrutin partiel, aucune des deux grandes forces traditionnellement antagonistes, le Tahoeraa d'un côté, le "Tavini & Co" de l'autre, n'est en capacité de former une majorité de 29 membres à l'Assemblée de Polynésie française, laquelle compte, avec le nouveau statut, un total de 57 représentants. Aux 27 "bleus" répondent 26 "oranges", les deux sièges restant ayant été attribués à deux représentants, alliés de circonstance, qui entendent se placer au milieu de l'échiquier politique. Le temps des "ni-ni" vient de commencer, faisant entrer la société polynésienne dans une période trouble et contreversée. 

En effet, cette stratégie "centriste" offre de facto le fauteuil de président du pays au leader indépendantiste.  Comment est-ce possible, alors même que les partis de ces deux élus s'affichent clairement dans le camp de "autonomiste", par opposition à  l'idéologie de rupture avec la France portée par M. Oscar Temaru ? En l'occurrence, le postulat "ne pas choisir" fait clairement le choix du camp "bleu" ; pourtant la logique aurait voulu que ces deux électrons libres cherchent plutôt à négocier avec leur camp idélologique pour obtenir du Tahoeraa les changements de gouvernance voulue par leurs propres électeurs. La confusion s'installe. La nouvelle majorité aussi, qui, très vite, fait la démonstration qu'elle n'a ni l'étoffe, ni l'expérience, ni le programme, ni la réelle volonté de diriger le pays. Le "changement de gouvernance" promis et espéré ne débouche que sur une chasse aux sorcières qui touche les services territoriaux et les nombreuses sociétés d'économie mixte que compte le pays. La désorganisation s'installe tandis que les provocations du nouveau président en exercice et l'immobilisme de l'appareil gouvernemental fragilisent le tissu économique en phase de restructuration depuis le départ du CEP (Centre des Essais du Pacifique). L'inquiétude gagne et le Tahoeraa de Gaston Flosse oeuvre en coulisse pour essayer de récupérer le pouvoir. Les couloirs de l'Assemblée bruissent quotidiennement de rumeurs sur la défection d'untel, le ralliement de tel autre. La presse quotidienne fait ses choux gras du chop soy politique local, n'hésitant pas à mettre de l'huile sur le feu à l'occasion. Dans le même temps, les actions en justice fleurissent et après quelques mois d'errance, le gouvernement indépendantiste tombe.

Paradoxe de la vie politique polynésienne : le statut qui devait assurer la pérennité de l'action gouvernementale et la stabilité politique débouche en fait sur un régime de type 3ème République, où les majorités se font et se défont au bon vouloir de deux ou trois élus en perpétuelle recherche d'alliances de circonstances afin d'en obtenir un maximum d'avantages au plan personnel. Le statut 2004 n'a pas encore été entièrement mis en vigueur qu'on tractionne, à Tahiti comme à Paris, pour le modifier. Le temps des girouettes a commencé....

 

    

 

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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